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minéraux en général, la proportion se soit élevée, de 7 fr. par habitant en 1788, à 16 fr. en 1812, à 24 fr. 50 c ; en 1850, et même à 33 fr., en y comprenant la production de Paris, et que, pour les produits végétaux, la progression soit de 12 fr. à 36 fr., tandis que les produits animaux dans cette même période auraient simplement doublé ; si, dis-je, on ne peut avoir une foi entière dans des données aussi exactement limitées, il n’en est pas moins permis de,trouver dans ces calculs une démonstration du progrès prévu à priori.

Parmi ces industries d’ailleurs dont la Statistique de la France donne la nomenclature, il en est d’entièrement nouvelles, celle du sucre indigène, du raffinage, qui a quintuplé en valeur depuis soixante ans ; du coton, qui permet aujourd’hui à chaque habitant de disposer de 2 kilogrammes de coton, lorsqu’en 1816 un kilogramme suffisait à cinq personnes ; de la houille, dont Tolosan ne fait pas même mention ; du gaz, dont l’exploitation date d’hier, et est appelée à prendre de si grands développemens ; des machines, si longtemps réservées à nos voisins ; des produits chimiques enfin, qui jouent dans la fabrication un rôle prépondérant. D’autres industries, si elles ne sont pas nouvelles, ont pris cependant une extension telle et s’appliquent à des usages si multipliés, qu’elles ont été renouvelées pour ainsi dire. Telle est entre autres l’industrie des fers, dont les progrès datent de trente ans en général, et de vingt ans à peine pour ce qui concerne l’établissement des chemins de fer. Dans un espace de vingt-six ans, de 1819 à 1845, malgré les perturbations politiques, il résulte des compte-rendus des ingénieurs des mines que la production a triplé quant à la fonte et quadruplé quant au fer forgé. Depuis lors, la progression a dû être bien autrement rapide. Au total, et si, par rapport aux industries de la soie, du lin et du chanvre, le temps actuel ne présente guère sur l’ancien régime une amélioration qui étonne, il n’en est point de même pour ce qui concerne toutes les autres branches du travail industriel, et on peut constater ici un progrès immense. Pour terminer par un chiffre dont chacun appréciera à son gré la vraisemblance, Tolosan estimait, en 1788, la production industrielle de la France à 931 millions, M. de Montalivet, en 1812, à 1,400, Chaptal à 1,800 ; M. Moreau de Jonnès la porte en 1850 à 4 milliards 37 millions. Dans ce total, la valeur des matières premières absorbe plus de la moitié, les frais généraux et les bénéfices s’élèvent au quart, les salaires forment moins d’un cinquième.

Un tel aperçu, outre qu’il n’est peut-être pas concluant, a le désavantage de ne point se prêter à la comparaison que l’on voulait établir dans la première moitié de cette étude. Il embrasse en effet une période de temps plus longue que les vingt années choisies pour