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dans l’idiome britannique quelques restes de cette langue mère dont les caractères sont connus, et ils en ont conclu que la population des îles du royaume-uni avait subi à une époque reculée une infusion de sang lapon. Cette hypothèse repose, je l’avoue, sur un fondement fragile ; mais il eût été injuste de n’en point tenir compte : elle trouve d’ailleurs des appuis, ainsi que nous l’avons vu, dans certains monumens, — des armes de pierre et des crânes, — qu’on rencontre avec les mêmes traits, dans diverses parties de l’Europe et du monde entier, comme l’assise primitive de la race blanche ou caucasique[1]. Nous allons heureusement sortir de cette période ténébreuse qui enveloppe le berceau de tous les peuples anciens et modernes. Ce que les nations civilisées savent le moins, c’est leur commencement.

Il fut donc un temps où les premiers habitans des îles britanniques, semblables sous ce rapport aux sauvages des mers du sud, ignoraient l’art de traiter les métaux. La transition entre l’âge de pierre et l’âge de bronze est marquée dans quelques tombeaux par un mélange d’instrumens qui appartiennent aux deux époques. Il est difficile sans doute d’établir une filiation bien tranchée dans un ordre de faits si anciens ; mais les traits d’une époque moins vague ne tardent point à se dégager. Le premier métal dont on retrouve la trace est une combinaison de cuivre et d’étain[2]. L’âge de bronze forme un trait particulier des antiquités britanniques. En Norvège, par exemple, cette période n’existe pas : on passe immédiatement des objets d’os ou de pierre aux instrumens de fer. Ailleurs l’âge de bronze se trouve représenté par un âge de cuivre. Cette modification importante (le bronze substitué au cuivre) doit être attribuée dans la Grande-Bretagne à la présence de l’étain, que le territoire recèle en si grande abondance. On peut voir au British Muséum de riches exemplaires de la seconde époque et les noms des localités où ces reliques de l’histoire ont été découvertes. Non-seulement les articles sont d’un travail plus fini que ceux de l’âge précédent, mais ils se montrent aussi plus variés. Il y a toutefois un progrès dans cette seconde manière. On peut retracer sur le bronze comme sur la pierre le développement gradué de l’industrie. Les premières têtes de lance et les premiers outils en métal ressemblent pour la forme à ceux qui étaient taillés dans le silex. Il est intéressant de voir combien de temps l’homme a cherché des procédés qui nous semblent aujourd’hui

  1. Dans la collection de l’Académie royale irlandaise figurent les modèles de deux crânes qui ont été trouvés à Dublin dans une très ancienne tombe. L’un des deux surtout présente dans la structure des traits de mongolisme : une face en losange et une élévation en forme de pyramide sur le haut de la tête.
  2. L’étain figure dans cette composition métallurgique pour un dixième.