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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/185

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Pour qui sait les atteindre et pour qui sait y lire,
Ont aussi leurs saisons de fleurs et de sourire.
L’amant de l’impossible atteint seul ces hauteurs,
Connaît seul ces rayons et ces vives senteurs.

LA FLEUR DES CIMES.


Cueillez sur la cime austère,
Cueillez, au prix des périls,
La fleur pure et salutaire
Qui tient à peine à la terre,
La fleur aux parfums subtils.

Dieu la sème et Dieu l’arrose;
Préférez son vague encens
A l’acre odeur de la rose,
Aux parfums que l’art compose
Pour le vain plaisir des sens.

L’esprit seul, au bout du rêve.
Rentré sur le sol natal,
Après un combat sans trêve.
Vous respire et vous enlève,
Douce fleur de l’idéal !

Nul n’atteint ces fleurs divines.
S’il n’a, dans un long effort.
Sur la pierre ou les épines,
Rougi de sang nos collines
Et monté... jusqu’à la mort.

Mais quand l’âme est parvenue
À ces jardins du haut lieu,
La terre, en bas, diminue,
Et, soulevé par la nue,
L’homme est tout près de son Dieu.

Mais nous, ô voyageur, plus haut ! montons encore
Cet escalier des monts par où descend l’aurore;
Chacun de ses degrés offre au cœur agrandi
L’image et le conseil d’un travail plus hardi.

Plus haut, toujours plus haut! Sur le glacier bleuâtre
Le chasseur est debout. Les taureaux et le pâtre
Apparaissent, là-bas, au soleil endormis,
Noirs sur les plateaux verts et tels que des fourmis.