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fonctionnent les deux chambres législatives de l’empire. C’est le siège du gouvernement central. Chaque province a une assemblée législative qui tient ses séances dans sa ville capitale. Dans cette ville résident non-seulement le président, délégué immédiat du ministère, qui donne des ordres à toutes les autorités de la province, les chefs de la police, de la trésorerie, de la douane, le commandant de la force armée, mais aussi tous les fonctionnaires qui occupent les emplois provinciaux, dont la création appartient aux assemblées provinciales.

La constitution de l’empire établit quatre pouvoirs politiques : le modérateur, qui appartient exclusivement à l’empereur ; le législatif, l’exécutif et le judiciaire, tous indépendans dans leurs attributions. L’acte additionnel de 1834 fixe les attributions législatives des deux chambres générales et celles des assemblées provinciales ; les provinces ont leur budget, comme l’empire a le sien. L’armée de terre et de mer n’obéit qu’au gouvernement général ; les corps de sûreté et de police n’obéissent qu’aux gouvernemens provinciaux. Les droits d’importation appartiennent exclusivement au gouvernement général ; presque tous les autres sont partagés entre celui-ci et les provinces. L’instruction supérieure relève de l’administration générale ; l’instruction secondaire et primaire relève de l’administration provinciale. Les terres du domaine public, les télégraphes, la monnaie, le timbre et les postes appartiennent exclusivement à l’administration générale, ainsi que la nomination à tous les emplois du pouvoir judiciaire, de la police, de la garde nationale, du clergé et de la diplomatie. Les présidens des provinces exercent des fonctions générales en même temps qu’ils veillent à l’exécution des lois provinciales. Ils peuvent être, ainsi que les membres du pouvoir judiciaire, dénoncés par l’assemblée locale, qui les cite devant des tribunaux spéciaux.

L’acte additionnel de 1834 introduisit dans l’organisation politique l’élément fédératif. Après la révolution de 1831, les idées démocratiques s’étaient développées. Les hommes politiques qui avaient la responsabilité des affaires, et qui voulaient sauver le principe monarchique et l’union des provinces, firent la concession de l’acte additionnel, et purent ainsi résister aux exagérations des esprits dominés par les idées républicaines des États-Unis. La constitution n’avait donné aux provinces qu’un conseil de présidence ; elles n’avaient ni budget ni assemblée ; l’administration générale elle-même faisait leurs affaires, fixait leurs dépenses ; elles vivaient dans une dépendance immédiate de la capitale et du gouvernement central. Le gouvernement brésilien garde maintenant une pleine liberté d’action dans le domaine des affaires générales de l’empire. Quant aux provinces, elles peuvent de leur côté s’occuper librement de leurs