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les résultats obtenus. Un certain nombre de propriétaires occupent des Allemands dans la province de Sao-Paulo, qui a précédé dans cette voie la province de Rio, et qui en possède maintenant un grand nombre[1]. Plusieurs colons ont fait entendre des plaintes qui ont eu de l’écho en Suisse. Quelques-unes de ces plaintes pouvaient être fondées, mais en général les colons sont satisfaits ; ils se conduisent bien, et leur émigration a été aussi avantageuse pour eux que pour les propriétaires qui les ont engagés. Afin de favoriser le développement de ce système, le gouvernement a fait organiser une association à laquelle il accorde une subvention pécuniaire, pour qu’elle puisse offrir des facilités aux propriétaires qui auraient besoin de colons, et qui les obtiendraient ainsi sans courir les risques et faire les sacrifices qu’ont courus et faits leurs devanciers. Cette compagnie est obligée d’avoir des habitations prêtes pour les colons qui arrivent, de les nourrir et de leur chercher de l’emploi. On a en outre régularisé les contrats et bien défini les droits et les devoirs des deux parties, afin de prévenir des plaintes qui se reproduisent encore trop souvent. Cependant pour la colonisation il y a autre chose à faire, un autre système à adopter.

Nous l’avons déjà dit, la véritable colonisation, c’est la colonisation volontaire. Malheureusement elle se dirige presque tout entière vers l’Amérique du Nord, et voici pour quelles raisons. Les États-Unis ont divisé une grande étendue de terrain en petits lots qu’ils vendent aux émigrans. Les settlers, classe spéciale de la population américaine, achètent les lots, les préparent et les revendent aux colons, qui trouvent, aussitôt débarqués, de petites plantations déjà en exploitation et une maison pour se loger avec leurs familles. En outre ces colons rencontrent avec bonheur aux États-Unis un grand nombre de leurs compatriotes qui les y ont devancés. Ajoutons que dans les ports de Hambourg, de Brème, du Havre, de Rotterdam, d’Anvers, ils trouvent facilement des navires qui les transportent pour un prix modique ; enfin ils sont séduits et entraînés par les récits et les contes que leur font les journaux sur l’Eldorado des États-Unis, et que leur répètent les émissaires envoyés dans leurs villages par des compagnies intéressées à leur émigration.

Le Brésil, qui commence seulement à s’occuper de la colonisation,

  1. Dans le rapport sur l’état de la province de Rio-Janeiro que nous avons présenté au 1er juillet 1857 à son assemblée législative, nous avons constaté que dans le territoire de Cantagallo, outre le baron de Nova-Fribnrgo, qui possède 922 colons, il y en a beaucoup dans six autres établissemens agricoles, tous Portugais, et que dans quatre établissemens du territoire de Valence il y a à peu près 600 Allemands, que dans d’autres, à Passatres et Veados, il y en a près de 300. Dans la province de Sao-Paulo, selon le rapport du directeur général des terres et colonisation, il y avait à peu près 40,000 colons, Allemands,.Suisses, Portugais, Galiciens, et habitans des Açores, dans plusieurs établissemens particuliers.