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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/834

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qui le combattaient. Cette intervention était si loyale que le cabinet brésilien, en exposant sa conduite aux cabinets étrangers, leur déclara qu’il ne refuserait pas le concours de toute puissance qui voudrait s’entendre avec lui pour cette entreprise. Les troupes brésiliennes séjournèrent à peu près un an dans la ville de Montevideo, et rentrèrent ensuite dans la province de Rio-Grande. Ainsi finit la seconde intervention brésilienne, pendant laquelle l’empire n’exigea rien du gouvernement oriental ; il ne lui imposa aucune condition, et il se conduisit, comme lors de la première intervention, avec la plus grande générosité. Tous les partis ont été unanimes pour louer l’attitude digne et impartiale des troupes brésiliennes au milieu des luttes du pays.

Le Brésil a trop de terres pour en désirer d’autres. Ce qu’il veut, c’est développer la colonisation dans ses provinces, peupler ses déserts et ses forêts immenses, qui ne demandent que des bras pour se transformer et devenir des villes civilisées et des terrains productifs, voir enfin sa population de 8 millions d’habitans s’élever à 20 ou 30 millions. Voilà son ambition et le but de tous ses efforts. Il n’est pas, comme jadis le Portugal, dévoré de la soif des conquêtes. Loin de songer à s’agrandir, il est préoccupé surtout de régler les questions de limites qui sont encore pendantes entre lui et ses voisins. Ces questions datent du régime colonial, et lui ont été léguées par le gouvernement de l’ancienne métropole. Il les a déjà réglées avec le Pérou et l’État-Oriental ; mais rien encore n’a été conclu avec le Paraguay, la Bolivie, la Nouvelle-Grenade, Venezuela et l’Equateur. La base sur laquelle il a traité et sur laquelle il se propose de traiter encore, c’est l’uti possidetis. Il n’est pas possible d’en trouver une plus raisonnable. La date de possession qu’il prend pour règle est l’année 1810, époque à laquelle tous les états de l’Amérique du Sud ont à peu près proclamé leur indépendance. Le Brésil prouve par là sa bonne foi, et combien peu il ambitionne une extension de limites. Le territoire qu’il possède est déjà peut-être trop vaste. Les anciens traités de limites signés par l’Espagne et le Portugal en 1750 et 1777 ont été annulés par les guerres postérieures. Les nouveaux traités fixeront donc les droits respectifs des différens états, et mettront fin à des questions qui sont toujours délicates, car les partis ne manquent pas de s’en servir pour agiter l’esprit public, qui s’exalte facilement à l’idée de l’amour-propre froissé et de l’abandon de ses droits.

On est parvenu à régler avec Venezuela en 1852, et avec la Nouvelle-Grenade en 1853, ces questions de limites. On a fait aussi avec ces deux pays, de même qu’avec le Pérou et l’Uruguay, des traités pour la navigation de l’Amazone et de ses affluens, et pour l’extradition