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l’honnêteté des Brésiliens dans les affaires et les transactions privées : la dernière crise, qui vient d’ébranler tous les pays du monde, en est une preuve suffisante. Le Brésil en a souffert ; mais son commerce s’est conduit avec une franchise, une loyauté qui ne méritent que des éloges. C’est le contact avec les négocians anglais qui a introduit dans le commerce brésilien ces procédés de bonne foi qui lui font honneur. Les rapports avec les Allemands ajoutent une certaine amabilité et une douceur tranquille aux habitudes patriarcales de la famille lusitanienne. Toutefois le caractère brésilien ressemble plus au caractère français qu’à celui d’aucun autre peuple. C’est la France qui, en envoyant ses livres, ses revues et ses journaux, importe et développe le plus au Brésil l’amour des lettres, des arts et des sciences. La langue française fait partie de l’éducation du peuple. Dans les écoles, dans les lycées, dans les facultés d’instruction supérieure, dans les études spéciales, dans les beaux-arts et au théâtre, on subit l’influence intellectuelle de la France. Lorsque l’amiral Coligny, en encourageant Villegaignon, donnait à son établissement de Rio-Janeiro le nom de France antarctique, il ne se doutait pas qu’un jour il y aurait une France antarctique, mais indépendante, qui, dans l’Amérique méridionale, ferait honneur, à la race latine, et jouerait peut-être dans cette partie du Nouveau-Monde le rôle important que la nation française s’est assuré en Europe par son génie, sa civilisation et son influence.


Pereira da Silva.