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sur les flancs d’une colline ; la couche d’où on l’extrait à ciel ouvert, comme d’une carrière, n’a pas moins de quatre-vingts pieds de haut sur quatre cents de large ; elle semble d’une richesse inépuisable. À une verste et demie plus loin se trouvent les mines de cuivre et de malachite, que l’on exploite au moyen de puits profonds de trois cents pieds, et qui donnent des profits considérables. Les produits de Tagilsk sont, pendant l’hiver, transportés sur des traîneaux jusqu’à la Tchoussovaia, au pristan d’Outkinska-Demidof, d’où on les expédie au printemps sur Nijni-Novgorod et Moscou. On fabriquait autrefois en grand à Tagilsk des objets en tôle vernie et imitant la laque, tels que des tables rondes ou ovales, des coffres grands et petits, des plateaux et toute sorte d’ustensiles. C’était une branche importante du commerce avec la Sibérie, où ces objets font partie du mobilier de toutes les maisons. Les Demidof avaient même établi tout exprès à Tagilsk, à la fin du siècle dernier, une école de dessin, et ils avaient envoyé en Italie quelques-uns de leurs serfs pour y étudier l’ornementation sous des peintres éminens. On conserve encore plusieurs pièces de cette époque qui ont toutes la valeur de véritables œuvres d’art. Depuis la découverte des mines de cuivre en 1812, cette fabrication spéciale a été transportée de Tagilsk à Neviansk, qui approvisionne aujourd’hui la foire d’Irbit, où tout le commerce de la Sibérie se donne rendez-vous chaque année au mois de février. Neviansk envoie aussi par milliers à Irbit des coffres en bois, peints en rouge ou en bleu, avec des garnitures en fer ouvragé. C’est le premier meuble qu’on soit sûr d’apercevoir même dans la plus pauvre cabane. On obtient à Neviansk d’excellent fer en barre, en mélangeant le minerai des environs avec du minerai aimanté qu’on fait venir de Tagilsk ; ce fer, à cause de ses qualités spéciales, est employé presque uniquement à la fabrication des carabines rayées. Les canons de ces carabines, forés dans l’épaisseur du métal, sont rayés de cinq rainures ; ils sont ordinairement fort lourds. La crosse est en bouleau, et les batteries se tirent de Nijni-Novgorod. L’apparence de ces armes est fort grossière, cependant elles sont d’une justesse et d’une portée remarquables, et elles ne se vendent que 40 francs ; aussi s’en fabrique-t-il chaque année une immense quantité. Neviansk compte près de dix-huit mille habitans, dont un grand nombre sont libres. Les autres établissemens des Demidof sont loin d’avoir la même importance que Tagilsk et Neviansk.

Les Jakovlif, les Strogonof, les Sévélofski, les Salemerskoï, sont, après les Demidof, les familles dont les propriétés sont les plus considérables. Les Jakovlif ont leur principal établissement à trois verstes d’Ekaterinenbourg, à Verkne-Issetzskoï, où réside le directeur de leurs forges et de leurs mines. Verkne-Issetzskoï, avec ses