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l’explication. Il ne croît point d’arbres dans les environs des gîtes d’où s’extrait le minerai d’argent ; le combustible manque donc à Zirianovsky, comme à Zmeinogorsk, comme à Salaier et dans toutes les autres mines : de là l’obligation de conduire le minerai à Barnaoul, où il est traité au charbon de bois. Dans les premiers temps de l’exploitation, il semblait que les forêts de l’Altaï fussent inépuisables ; on les coupait donc à blanc, et des arbres gigantesques étaient consumés pour faire du charbon. On ressent aujourd’hui les tristes effets de cette imprévoyante prodigalité : quelques usines sont obligées de faire venir leur bois et leur charbon de forêts éloignées de cinquante ou soixante verstes. Toutes les forêts sont maintenant aménagées régulièrement, et placées sous la surveillance de gardes généraux formés à l’école des eaux et forêts de Pétersbourg. On a commencé en outre à rechercher les gisemens de charbon de terre. Par un hasard heureux, une mine de houille a été découverte dans les environs de la mine d’argent de Salaier, et des essais ont été faits pour employer le combustible ainsi obtenu à traiter le minerai sur place. Il n’est pas douteux d’ailleurs que la houille ne se rencontre en abondance au pied du versant nord de l’Altaï : en descendant le Tom, M. Atkinson arriva dans un endroit où le fleuve, profondément encaissé, coupait vraisemblablement un des plus riches bassins houillers qui existent au monde. On apercevait à jour, affleurant presque au sol, une couche de houille de douze pieds d’épaisseur reposant sur un lit de grès gris et jaune épais de huit pieds ; venait ensuite une seconde couche de houille d’une épaisseur de dix pieds, reposant également sur un second lit de grès, au-dessous duquel on voyait poindre, presque au niveau de l’eau, une troisième couche dont la profondeur n’est pas connue. Un peu plus bas, sur le même fleuve, M. Atkinson vit une couche de houille qui dépassait de trente-cinq pieds le niveau de l’eau. Ce sont là des richesses dont la Russie saura tirer parti.


IV

L’Irtisch, qui transporte à Oust-Kamenogorsk le minerai de Zirianovsky, sert, pendant la plus grande partie de son cours, de limite à la Sibérie méridionale ; mais cette rivière n’est plus la véritable frontière de la domination russe. Depuis longues années, tous les Kirghiz-Kaisaks, qui étaient demeurés en Sibérie, ont été rejetés au-delà du fleuve, avec interdiction de le traverser. Une route militaire suit la rive sibérienne ; de distance en distance sont échelonnées des forteresses, dont la plus importante est Kochbouchta, et des stations de Cosaques. Ces stations sont de véritables colonies. Les Cosaques sont établis avec leurs femmes et leurs enfans dans des villages palissadés :