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vec un progrès dans l’aisance générale, avec un système d’imposition plus égal et mieux ordonné, une administration éclairée et prudente, on pourra, dans un certain laps de temps, faire disparaître le déficit et rétablir l’équilibre entre les dépenses et les recettes ; mais on ne saurait se dissimuler que ce déficit annuel et continu ne soit un symptôme inquiétant. Les emprunts, qu’il rend nécessaires, accroissent naturellement le budget des dépenses ordinaires, et rendent par conséquent toujours plus difficile le rétablissement de l’équilibre financier. Enfin des circonstances peuvent se produire telles que ces anticipations incessantes deviennent tout à coup impossibles, et que le gouvernement, malgré toute sa légitime confiance dans l’avenir, se trouve exposé à une catastrophe financière.

Prévenir de telles éventualités, ce doit être, nous croyons l’avoir suffisamment établi, la préoccupation dominante de l’administration autrichienne. Sans prétendre fermer dès ce moment les plaies que lui a léguées une longue période d’agitation, elle peut du moins s’appliquer à faire disparaître le déficit annuel, à proportionner pour le présent les dépenses aux recettes. Il ne lui sera possible qu’après ce résultat obtenu de s’assurer des ressources extraordinaires et de se tenir prête pour les événemens imprévus dont le monde, dans les temps où nous vivons, n’a que trop sujet de se préoccuper. Si le déficit annuel subsiste au contraire, le gouvernement verra s’épuiser lentement ses forces au milieu de la paix et du repos, et il restera toujours à la merci de toute crise passagère qui viendrait à se produire dans le monde financier.

Auprès de la suppression du déficit annuel, le rétablissement de la circulation métallique, l’abolition du cours forcé des billets de banque ne nous paraissent que des mesures d’une importance secondaire. On n’atténuerait par ces dernières mesures que passagèrement l’action des causes qui entraînent le numéraire autrichien hors de l’empire. Il n’est donc permis d’espérer une guérison radicale et constante que lorsque la position financière et commerciale du pays se sera notablement améliorée. Or la condition la plus essentielle et urgente d’une semblable amélioration est précisément l’ordre dans les finances et l’équilibre du budget. Pour arriver à ce but, il n’existe que deux moyens : l’augmentation des recettes ou la réduction des dépenses. L’économie des gouvernemens, comme celle des individus, n’en connaît pas de troisième. Rien de plus sec ni de plus prosaïque, mais aussi rien de plus vrai. Or, pour augmenter ses revenus, un

    {{tiret2|cen|times additionnels pèsent exclusivement sur les impôts directs. En y ajoutant les charges communales, on verra que la propriété foncière en Autriche est imposée bien au-delà d’une juste proportion et d’une saine économie nationale ; elle est dans certains cas littéralement écrasée.