Pour un homme d’esprit et de bonne compagnie qui a le goût de la politique sans avoir la passion de la responsabilité et de la lutte, et qui aspire aux honneurs sans être tenté par l’ambition d’être, suivant la belle expression de sir Robert Peel, « un hardi pilote au milieu de la tempête, » il n’est pas de plus charmant plaisir que l’activité un peu paresseuse de la vie diplomatique. Avoir l’esprit occupé des plus grandes questions, être mêlé aux plus grandes affaires et n’être que rarement appelé à prendre une décision, avoir pour principale mission d’observer et de plaire, n’agir le plus souvent qu’en vertu d’instructions qui vous couvrent, ne répondre que de soi-même, n’être jugé que par des connaisseurs, ne pas relever du public, servir son pays en pouvant rester étranger aux querelles intérieures qui le divisent, c’est de toutes les situations politiques la plus douce et la moins compromettante. Jefferson était fort sensible aux charmes et aux avantages de la carrière diplomatique, « Ce qu’il y a d’attachant dans mes fonctions actuelles, » écrivait-il pendant