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des échanges plus faciles, à un commerce plus actif, à une harmonie plus complète entre les besoins et les sentimens internationaux. Unité des monnaies, uniformité des poids et mesures, solidarité plus intime du crédit et des banques, similitude de législation pour certains intérêts économiques et pour la garantie réciproque de la propriété artistique, industrielle et littéraire, tous ces progrès, qui, il y a quelques années à peine, étaient relégués dans le royaume des chimères, semblent aujourd’hui possibles, quelques-uns même prochains. Nous n’avons encore vu que deux expositions universelles, et déjà des efforts sérieux ont été tentés pour établir dans les principaux pays de l’Europe l’uniformité des poids et mesures. On a remarqué l’association formée à Paris en 1855 sous l’inspiration de cette louable pensée. La statistique elle-même, l’impassible statistique s’est émue; elle a tenu des congrès, comme si le chiffre voulait, lui aussi, s’animer d’un souffle nouveau et prendre part au mouvement général d’union et d’harmonie qui entraîne les idées. Enfin les expositions universelles s’élèvent, comme d’hospitaliers caravansérails ou comme des phares lumineux, sur la route si abrupte, hélas ! et si obscure qui conduit les peuples vers la liberté politique, car elles sont pour chaque nation un gage de paix au dehors, de travail et d’ordre au dedans.

C’est donc une heureuse fortune pour le prince Napoléon d’avoir été appelé à diriger l’exposition de 1855, et d’avoir associé à l’une des œuvres les plus mémorables de notre temps, à une œuvre pacifique et libérale, son nom, que l’histoire inscrira également, par un glorieux contraste, dans les bulletins de l’Aima. On voit, par son rapport, que la présidence de la commission impériale n’était point une sinécure, ni l’exercice banal d’une prérogative princière. On y trouve en outre, pour l’organisation des expositions futures, le résultat de longues études, les conseils de l’expérience et du goût, les désirs et jusqu’aux impatiences aventureuses d’un esprit prompt, qui cherche ardemment le progrès, et qui parfois le dépasse. Il est toujours délicat de louer les princes; mais l’embarras cesse devant un acte accompli publiquement, en présence d’une œuvre que chacun peut lire. Le travail, c’est la loi de tous : sur les marches d’un trône comme dans l’exil, c’est l’honneur des princes!


C. LAVOLLEE.