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LA
LITTERATURE ROMANESQUE

II.
L’ASTREE ET LE ROMAN PASTORAL.



I

Nous avons cherché à indiquer les principales transformations de notre littérature romanesque depuis ses origines jusqu’à l’apparition du célèbre roman de d’Urfé. Il nous reste maintenant à essayer de donner une idée aussi exacte et aussi complète que possible de ce volumineux ouvrage, qu’on ne lit plus, mais qui a été considéré pendant plus de cinquante ans comme un des chefs-d’œuvre de l’esprit humain, et qui a exercé une influence incontestable sur l’ensemble du mouvement littéraire au XVIIe siècle.

Le côté le plus saillant et le plus connu de l’Astrée n’est pas le côté qui nous offre aujourd’hui le plus d’intérêt. Il n’est personne, même parmi ceux qui n’ont jamais ouvert ce roman, qui ignore que c’est une composition appartenant au genre pastoral le plus artificiel, où la scène se passe il est vrai, à la campagne et entre des personnages qualifiés de bergers, mais qui ne sont bergers que de nom, et qui, au milieu de la vie des champs, conservent les mœurs, les idées, les sentimens, le langage des salons et des cours.

Nous montrerons tout à l’heure que le goût de ces pastorales subtilisées