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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet 1858.

L’indolente monotonie qui semble être la divinité de l’heure présente ne saurait éteindre en nous les préoccupations prévoyantes auxquelles nous essayons de donner une expression libre et modérée. Aussi ne nous lasserons-nous point de revenir aux grandes questions qui ont été récemment posées. Aux avertissemens que nous avons donnés sur la nécessité de concessions libérales, aux vœux que nous avons formés, l’on a répondu par des diversions qui sont de véritables anachronismes. L’on s’efforce de nous représenter comme les défenseurs du dogme subtil de la théorie parlementaire, — le roi règne et ne gouverne pas, — en opposition au principe du régime actuel, qui consacre l’initiative et la responsabilité exclusive du chef du pouvoir. On nous fait en vérité trop d’honneur. Nous n’avons point la prétention de nous ériger en critiques de la constitution actuelle, et nous n’avons nul goût, même pour une polémique d’été, à nous hasarder dans la région des paroles gelées. Si l’on ne veut point donner satisfaction aux besoins de progrès libéral dont nous sommes les organes, on fera bien de nous intimer d’autres fins de non-recevoir.

Plus modestes et plus pratiques qu’on ne voudrait le faire croire, nous avons pris notre point de départ dans le présent, et nous avons tiré nos conclusions de prémisses contenues dans la constitution. La constitution, nous n’avons pas nous-mêmes essayé de la regarder sous son voile, nous ne nous permettons point de telles familiarités ; nous nous sommes contentés de croire ce que disaient d’elle les heureux privilégiés qui la promènent à leur bras. Que disaient-ils ? Que le mouvement politique de la France actuelle a deux leviers, l’initiative du chef du pouvoir et l’opinion souveraine, « l’opinion qui remporte toujours la dernière victoire. » Ils disaient cela sérieusement ; nous avons voulu et nous voulons le croire sérieusement. Nous avons demandé en conséquence que, conformément à l’esprit de la constitution, l’opinion ne fût point une souveraine en tutelle. Nous demandons que les manifestations de l’opinion par la presse soient protégées par des garanties régulières. Nous demandons la réforme de la législation actuelle de la presse, et nous ne réclamons point cette restitution de la liberté au nom d’une thèse