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LA
MONARCHIE DE LOUIS XV

III.
LE CARDINAL DE FLEURY.

I. Mémoires de l’abbé de Montgon. — II. Chronique du règne de Louis XV ou journal de Barbier. — III. Mémoires du marquis d’Argenson, ministre des affaires étrangères sous Louis XV. — IV. Louis XV, Le maréchal de Richelieu, Mme la marquise de Pompadour, par M. Capefigue, etc.




I.

Depuis l’avènement de la maison de Bourbon au trône, la famille royale avait en France une situation singulière. Séparée de tous par sa grandeur comme par un abîme infranchissable, cette famille était sans action et presque sans influence, lorsque la puissance souveraine était exercée par le roi lui-même; mais à chaque minorité ses membres semblaient se trouver investis par l’opinion de la plénitude de tous les pouvoirs, de telle sorte que les princes, exclus de l’exercice de l’autorité royale, devenaient alors comme les chefs naturels et presque légitimes des factions.

Si une mort prématurée n’avait frappé le duc d’Orléans dans la maturité de son esprit et de son âge[1], le sentiment public aurait donc maintenu aux mains de ce prince un pouvoir que ne lui aurait pas disputé de longtemps l’indolence de son ancien pupille, et que le pays envisageait comme inhérent à sa naissance. Cette association était alors considérée comme tellement naturelle que si, après la mort du régent, le duc de Chartres était venu à Versailles réclamer

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 juin.