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DE
L'ALIMENTATION PUBLIQUE

LES CULTURES ALGÉRIENNES ET LA RÉCOLTE DE 1858.



Parmi les sources de l’alimentation publique en France, il en est une qui a des droits particuliers à notre sollicitude : c’est la production coloniale, et principalement celle de l’Algérie. Développer l’exploitation du sol dans notre France africaine, ce n’est pas seulement ajouter un précieux supplément aux ressources nationales, c’est aussi les varier heureusement, c’est permettre d’utiles expériences sur des végétaux inconnus à nos cultivateurs, et faciliter diverses applications dont pourra profiter notre industrie. Nous avons en 1858 un double motif pour rechercher où en sont les cultures de l’Algérie, et quels avantages le pays doit en attendre. D’une part, l’état de nos récoltes peut rendre nécessaire de recourir à certains produits du sol algérien; de l’autre, une exposition récente a fait passer sous les yeux du public quelques-unes des principales richesses végétales de notre colonie. Le moment est donc favorable pour examiner les divers résultats du travail d’exploitation qui s’y poursuit.

Trente ans à peine se sont écoulés depuis l’époque où les vaillantes armées de la France, en implantant le drapeau national sur le sol de l’Algérie, affranchissaient pour toujours les peuples commerçans du tribut et des dangers subis par leur marine durant trois siècles, et dont les menaçait encore ce repaire de nombreux et hardis pirates. Après ce grand résultat obtenu aux applaudissemens des nations, l’œuvre de la conquête était loin d’être achevée. Il s’agissait de soumettre une population guerrière de deux millions d’habitans