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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1858.

Nous applaudissons cordialement au grand acte politique qui vient de s’accomplir à Cherbourg. Nous sommes des partisans convaincus et sincères de l’alliance anglaise. Nous avions vu avec douleur les maladresses et les incidens malencontreux qui ont ébranlé cette alliance au commencement de cette année. Nous avons vu avec joie l’effort généreux qui vient d’être tenté à Cherbourg pour rétablir à la face du monde les bons rapports entre deux nations qui peuvent être grandes sans avoir aucun sacrifice d’indépendance à se faire l’une à l’autre, et dont la paix féconde l’émulation au profit de la civilisation générale. Nous considérons cet effort comme très sérieux des deux parts. « Les faits, suivant la juste expression du toast impérial, parlaient d’eux-mêmes. » La présence seule de la reine Victoria à Cherbourg, en dépit des murmures que le voyage de la reine a excités dans une portion de l’opinion anglaise, est un témoignage éclatant du prix que les chefs du gouvernement britannique attachent aux bonnes relations avec la France. Quant au gouvernement français, le langage de l’empereur Napoléon III en une circonstance si solennelle n’a pas besoin de commentaires. Si des politiques de caserne graissaient déjà leurs bottes pour le passage de la Manche, ce beau zèle a été mis décidément à la raison. Les sages et intelligentes déclarations de l’empereur ont biffé ce que l’on appelle en Angleterre « les adresses des colonels. »

L’inauguration de Cherbourg, l’entrevue des souverains et les fêtes qui ont accompagné ces grands actes demeureront des événemens mémorables. La scène répondait magnifiquement à la grandeur des intérêts qui s’y trouvaient en présence. Ceux à qui il a été donné d’assister à ce spectacle n’en perdront pas le souvenir. Du côté de la terre, l’inauguration d’un chemin de fer versait à travers l’amphithéâtre des vertes collines qui enveloppent Cherbourg ce flot vivant de foule curieuse qui est la plus belle décoration des