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tous les détails qui ont rapport, pour l’année 1853, à l’établissement et à l’exploitation des lignes qui composent ce réseau ; en un mot, il se prête à toutes les formes d’investigation. Un texte explicatif, qui occupe la moitié du volume, précède une centaine de tableaux statistiques où l’on peut suivre pas à pas l’histoire de chacune de nos différentes lignes.

Il y avait cependant un sujet d’un intérêt très général à coup sûr que les Documens statistiques laissaient de côté ; nous voulons parler des accidens de chemins de fer. La série d’événemens graves qui se succédèrent pendant l’automne de 1853 ayant vivement préoccupé l’opinion publique, une commission fut chargée d’étudier les mesures propres à assurer, au double point de vue de la régularité et de la sécurité, le service de l’exploitation des voies ferrées. Elle devait entendre les ingénieurs chargés de la surveillance administrative des diverses lignes, les compagnies, les inventeurs des systèmes proposés pour prévenir les accidens, examiner dans le plus grand détail le mode d’exploitation de notre réseau au point de vue du personnel, du matériel, de la voie et des règlemens de service. Cette enquête si complète, en partie orale, en partie écrite, comprend une multitude de notes, de documens, de tableaux, d’annexés de tout genre, parmi lesquelles je dois citer les réponses des compagnies, dont la réunion sous une forme simple et méthodique constitue un véritable traité d’exploitation technique. Le recueil de ces diverses informations, précédées d’un remarquable rapport du secrétaire de la commission, M. Tourneux, forme un important volume, récemment paru. Cette curieuse publication se complète par un projet de règlement d’administration publique destiné à remplacer l’ordonnance du 15 novembre 1846, qui régit actuellement tout ce qui concerne la sûreté, la police et l’exploitation des chemins de fer en France. Le moment est donc propice pour jeter un coup d’œil en arrière et pour étudier, au point de vue des résultats, la grande industrie des voies ferrées. L’historique en a été retracé ici même[1] avec tous les développemens qu’il réclame, et je n’ai pas à m’y arrêter. Je veux seulement m’occuper de ce qui regarde exclusivement le transport des personnes, examiner la triple question de la cherté, de la célérité et de la sécurité, montrer enfin que le troisième de ces élémens essentiels de la circulation publique, quelque paradoxale que puisse sembler cette assertion au premier abord, mérite à peine qu’on le prenne en considération. Je voudrais aussi, dans une analyse rapide des relations des compagnies de chemins de fer français avec le public voyageur, donner une idée des droits

  1. Voyez, dans les livraisons du 15 janvier, du 15 février, du 15 mars 1855 et du 15 août 1856, les Chemins de fer en Europe et en Amérique.