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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1858.

Les sujets de discussion sérieuse et utile ne manqueraient point à la presse et à l’opinion, même à cette époque de vacances politiques, si la presse, qui commence timidement à se dégourdir, recouvrait quelque chose de son ancienne ardeur, et reprenait le rôle qui lui appartient dans l’élaboration des questions d’intérêt public. Des questions de cet ordre se présentent chaque jour, quelquefois avec un caractère particulier d’opportunité ; à peine cependant y prête-t-on une attention languissante et distraite, et on les laisse, comme sans y réfléchir, se dénouer par des solutions routinières ou hasardeuses. En ce moment par exemple, on a permis à l’esprit rétrograde de remporter coup sur coup deux victoires sur le bon sens économique et les vrais intérêts commerciaux du pays. Le rétablissement de l’échelle mobile dans le régime douanier du commerce des grains semble résolu ; les espérances qu’on avait conçues sur l’émancipation commerciale de l’Algérie sont démenties. Il nous est signifié que nous n’avons qu’à rentrer dans l’ornière. Pourquoi murmurerions-nous ? Une guerre d’épigrammes sur la distribution des croix d’honneur n’est-elle pas plus amusante qu’une controverse sur les lois qui intéressent l’alimentation et le bien-être du peuple ?

Nous ne saurions consentir, pour notre part, à laisser passer sans protestation ces deux succès de la prohibition et de la protection exagérée. C’est au nom de la logique, cette funeste divinité qu’adore l’esprit français, que l’on a repoussé l’introduction de la liberté commerciale en Algérie. Entre la France et l’Algérie, le commerce est libre ; si l’on eût donné la franchise d’entrée aux produits étrangers dans nos ports africains, la protection et la prohibition régnant en France, on eût été obligé de consigner à la douane toute marchandise venant d’Algérie ; donc il faut que l’Algérie suive la destinée de la France en matière de législation douanière. Ainsi parle la fière logique. Le modeste bon sens eût pu lui répondre : « Est-il vrai, oui ou non,