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Après bien des combinaisons proposées, abandonnées, reprises et remaniées, le ministère, s’est décidé enfin, dans l’intervalle des deux sessions, à concéder provisoirement les lignes du nord-est à une compagnie nationale, et cette concession est devenue l’objet d’une controverse fort animée. Les autres lignes du centre et du midi ont mis également en jeu tous les intérêts rivaux. Aujourd’hui tous ces débats vont passer dans le parlement, et les chemins de fer ne sont pas la seule question dont se soit occupé le cabinet de La Haye. Le discours royal promet aux chambres un projet sur l’émancipation des esclaves aux Indes, puis encore une série de propositions d’un ordre tout intérieur concernant l’organisation judiciaire, la fixation des principes d’une réforme pénale, une répartition nouvelle du royaume en districts électoraux, une réorganisation de la milice nationale. Comme ont voit, le ministère hollandais n’est point resté inactif pendant la suspension des chambres, et ce ne sont point les alimens qui manqueront à la session récemment ouverte à La Haye.

La vie publique ne s’interrompt jamais chez nos voisins : elle ne fait que changer de forme. Les hommes politiques, les membres de la chambre des communes, en quittant le parlement, aiment à se retrouver devant leurs compatriotes rassemblés, et, suivant les circonstances, à tâter ou à stimuler l’opinion. Ici ce sont les dernières luttes et les luttes prochaines qui sont l’objet de harangues familières ; là ce sont des questions supérieures aux débats des partis, des intérêts généraux sur lesquels toutes les divergences se confondent dans un commun patriotisme, des intérêts tels par exemple que l’éducation populaire. Parmi les manifestations de ce genre, on a remarqué récemment les discours de quelques-uns des membres réputés les plus rétrogrades du parti tory, de M. Henley, président du bureau du commerce, et de M. Newdegate. Ces conservateurs vétérans ont réclamé avec vivacité le droit de se dire amis du progrès. Les protestations en faveur du progrès émanant de pareils hommes sont un indice favorable du travail salutaire qui s’accomplit au sein du parti tory. Chez les libéraux, l’aspiration vers le progrès n’est point sans doute, la tendance qui attire l’attention ; ce qu’on voudrait apprendre de leurs discours d’été, c’est s’ils se préparent à rétablir parmi eux la discipline et s’ils sont prêts à reconnaître un leader unique. Un membre avancé de la chambre des communes, a, sous ce rapport, donné un exemple qui devrait être suivi. Il a déclaré devant les électeurs de Tavistock qu’à ses yeux le parti libéral ne peut avoir d’autre chef que lord John Russell ; c’est à cette conclusion qu’il faudra en venir le jour où le parti libéral anglais voudra se masser et reprendre le pouvoir : Mais quelque intéressantes que soient ces démonstrations quotidiennes par lesquelles se continue sans interruption la vie politique d’un peuple qui se gouverne par la libre opinion, l’Angleterre a entendu ces jours passés une de ses voix les plus retentissantes et les plus admirées s’élever en l’honneur d’une gloire supérieure à la gloire politique. L’élite des savans anglais se réunissait le 21 septembre à Grantham pour l’inauguration d’une statue de Newton, au lieu même de sa naissance. C’est lord Brougham qui présidait à cette noble cérémonie, et c’est lord Brougham qui a célébré dans un magnifique discours le génie révélateur de l’immortel astronome. Le discours de lord Brougham a été un tissu extraordinaire d’érudition, d’appréciations scien-