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UNE ANNÉE
DANS LE SAHEL
JOURNAL D’UN ABSENT.

SECONDE PARTIE.


Mustapha d’Alger, janvier.

Jusqu’à présent, je ne t’ai fait des Algériens qu’un portrait général [1]. J’ai parlé de gravité, de discrétion, de dignité naturelle dans le port, dans le langage, dans les habitudes, voulant indiquer par des traits d’ensemble ce qui frappe au premier abord tout nouveau-venu qui débarque d’un pays d’Europe où ces qualités extérieures sont précisément les plus rares. N’oublions pas cependant qu’il y a deux peuples ici, pleins de ressemblance si nous les comparons à nous, absolument divers dès qu’on définit chacun d’eux. Nous avons vu les similitudes ; aujourd’hui voyons les diversités. Restituons à chacun le nom dont il est jaloux ; laissons l’Arabe où il est, dans la campagne, fixé dans les villages ou promenant ses tentes, et pendant que j’habite Alger, parlons des Maures. Peut-être leur portrait perdra-t-il quelque chose à devenir en effet plus ressemblant ; il pourrait arriver que la précision, au lieu de grandir leurs traits, les diminuât.

Alger est une ville arabe habitée par des Maures ; les Maures forment les trois quarts au moins de sa population indigène. Le reste

  1. Voyez la livraison du 1er  novembre.