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lui. Lorsqu’un barreau aimanté est rapproché d’une telle bobine, le fil est aussitôt traversé par un courant qui s’interrompt quelques instans après pour recommencer si le barreau est éloigné, puis s’interrompre, puis reprendre si l’aimant est rapproché de nouveau, cesser encore, et ainsi à l’infini. On conçoit que les interruptions soient alors faciles à produire, car elles sont presque naturelles; on conçoit encore que, suivant la longueur du fil, la force de l’aimant, la rapidité de son mouvement, on puisse mesurer la dose. Le courant d’induction produit par un barreau aimanté peut d’ailleurs agir à son tour sur d’autres fils de cuivre qui, disposés convenablement, peuvent créer d’autres courans induits. Un même instrument peut ainsi donner des courans du premier ordre, du second, du troisième, courans dont on a étudié les effets divers. Le premier appareil de ce genre, employé alors seulement à des expériences de physique, et la découverte même de l’induction sont, comme on sait, l’un des titres de gloire de M. Faraday.

Les courans d’induction sont connus depuis 1831. L’application de ces courans à la médecine a été prompte, et les appareils n’ont pas tardé à se multiplier. Chaque médecin, chaque constructeur d’instrumens a le sien. Près de trente sont décrits dans les livres de M. Becquerel et de M. Duchenne de Boulogne, et presque tous sont excellens. Ils ne diffèrent guère que par la manière dont le courant est interrompu et rétabli, et aussi par la nature du corps inducteur, qui peut être soit un aimant, soit une pile. Au point de vue physiologique, cette dernière distinction a quelque importance, mais à ce point de vue seulement, car il ne faut pas se lasser de dire que toutes ces électricités d’induction, quoique diversement produites, ne sont que des manifestations variées d’une force unique. Il faut même aller plus loin et affirmer, autant qu’on peut affirmer dans les sciences, que l’électricité des machines, celle des piles, celle des aimans, les courans induits et les courans inducteurs, sont des modifications de l’électricité, et non pas des forces distinctes, telles que la chaleur et la lumière. Comment ce fluide, qu’on eût appelé autrefois un fluide impondérable, peut-il être modifié? Comment en général une force peut-elle être transformée? Comment des corps matériels peuvent-ils agir sur une force qui implique l’idée d’immatérialité? Cela n’est guère compréhensible. La chaleur paraît toujours identique, qu’elle soit produite par du bois ou du charbon de terre, par la combustion du gaz hydrogène ou l’incandescence du soleil; mais l’opinion contraire serait plus irrationnelle et plus incompréhensible encore, et la logique ordonne de ne pas multiplier sans nécessité absolue le nombre des forces naturelles. Le désir de les confondre toutes et de simplifier les phénomènes a pu, j’en conviens, produire de grandes erreurs: