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choquant dans les tableaux ou les statues que des muscles hors de leur place, et surtout, ce qui est plus fréquent, des contractions trop fortes ou trop faibles, ou même inutiles au mouvement exécuté. Une erreur de ce genre n’est pas décisive pour une œuvre d’art, et le gladiateur antique n’en est pas moins une belle statue malgré une contraction singulière d’un des muscles du bras; mais toute faute est bonne à éviter, et comme on n’est jamais sûr d’avoir les grandes qualités, il faut écarter d’abord les défauts. L’imitation du modèle est rarement assez parfaite pour que, si l’on ne connaît pas le mécanisme des muscles, on puisse être assuré de ne pas se tromper. Or ces expériences, en analysant pour ainsi dire chaque mouvement, peuvent n’être pas inutiles et enseigner aux élèves à quels endroits il faut faire saillir le marbre, à quels autres il faut creuser. Pour la physionomie surtout, là où les muscles sont nombreux et resserrés sur un petit espace, où les mouvemens sont compliqués et significatifs, où le moindre pli formé par la contraction exprime une passion ou un sentiment, l’étude des muscles, de leurs points d’attache et de leur action sur les joues, les lèvres ou le front, est très nécessaire. Tout le monde sait que des contractions habituelles donnent rapidement à la physionomie des expressions très diverses; mais certaines contractions sont incompatibles avec d’autres : quelques-unes ne conviennent qu’à la vieillesse, à l’âge mûr ou à la jeunesse; il en est de volontaires et d’involontaires. A l’aide d’applications convenables des conducteurs de l’induction, on prête à la figure un air de vieillesse par la contraction du myrtiforme, de gaieté par celle du grand zygomatique, de tristesse par celle du petit; on peut en un mot, par des expériences faciles et courtes, acquérir des notions que des études longues et patientes enseignaient à peine autrefois. Rien de tout cela n’est inutile ni pour les arts, ni pour la chirurgie, ni pour la physiologie.

Puisque chaque muscle a une fonction, la paralysie, soit du muscle, soit du nerf qui l’anime, nuit à l’exercice de cette fonction, car il ne faut pas oublier qu’un membre peut être paralysé par des maladies soit des nerfs, soit des muscles. Indépendamment des paralysies complètes et des hémiplégies, il y a des paralysies tout à fait locales. Les altérations du nerf facial rendent la physionomie immobile, celles de l’orbiculaire des lèvres nuisent à la prononciation de certaines voyelles; un soldat paralysé du grand dorsal ne pourrait se tenir droit dans l’attitude du port d’armes; un évêque privé des contractions du muscle grand pectoral ne pourrait plus bénir les fidèles. La galvanisation localisée, enseignant à merveille les fonctions des muscles, montre en même temps où il faut porter le remède. Elle est d’ailleurs elle-même le remède dans une foule