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M. Montgomery est plus enthousiaste encore que sir John Lawrence. « Honneur à vous, mon cher Cooper, pour ce que vous avez fait, et si bien fait... Ce sera, votre vie durant, une plume à votre chapeau... L’argent ne vous manquera pas pour récompenser tout le monde... Ayez soin que les Sikhs (ceux de l’exécution) aient une bonne grosse somme bien ronde à se partager... Je vous félicite de nouveau... Vous ramasserez bien encore quelques traînards... Envoyez-nous maintenant tout ce que vous prendrez... Vous avez assez de carnage comme cela... Il nous en faut d’ailleurs pour les troupes d’ici, et pour le témoignage à rendre... Croyez-moi votre bien sincèrement dévoué, etc. »

Autre lettre, dans le même style, d’un des rajahs les plus fidèles, celui de Khuppoorthulla. Celle-ci nous surprend beaucoup moins. Quant aux deux premières, nous les livrons, sans la moindre réflexion, aux mock-philantbropists, qu’elles guériront sans doute de leurs puérils scrupules.


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Sortons des charniers[1] et revenons au camp. Aussi bien nous reste-t-il à peine quelques pages pour raconter ce long siège de Delhi.

Il a duré trois grands mois, du 8 juin au 15 septembre 1857. Ce laps de temps se partage en deux périodes bien distinctes : l’une de persistance presque désespérée, d’attente passive, de sombres pressentimens; la seconde, de confiance renouvelée, d’ardeur renaissante, de succès entrevu, et finalement de glorieux triomphe. Les récits de la première sont navrans : c’est la portion du journal de siège qui, du début, s’étend jusqu’aux premiers jours d’août. Pendant ces deux mois strictement consacrés à se maintenir, malgré des attaques sans cesse renouvelées, dans la position conquise devant Delhi, la

  1. Il ne tiendrait qu’à nous d’y rester et de raconter le massacre du 51e à Peshawur. Ce régiment se souleva en masse pendant une visite qu’on faisait dans ses cantonnemens pour y découvrir des armes cachées. Ceci dit assez positivement qu’il était déjà désarmé. L’insurrection échoua devant la fermeté d’un régiment indigène, le 18e, qui, après avoir repoussé les rebelles, les poursuivit dans leur fuite de concert avec les cavaliers du Moultan. Voici le résumé de cette brillante affaire, d’après M. Cooper : « Avant la révolte, le 31e comptait 871 hommes. L’infanterie du Pendjab en fusilla ou tua sur place 125; les cavaliers du Moultan, pendant la poursuite, 40; un autre détachement du même, 13; les villageois et les patrouilles, 36. Par sentence de cour martiale au tambour (drum-head court-martial), le jour même de la révolte, on en exécuta 187, et le 29 août, c’est-à-dire le lendemain, 167. Environ à la même date, 84 autres furent passés par les armes. Un thanaldar en tua 5 pour son compte. Total, dans les trente heures qui suivirent l’émeute, pas moins de 659 ! » Cooper’s Crisis in the Punjaub, p. 177.