toujours cru que Dieu se rappelait à eux par des signes actuels et, si je puis ainsi parler, par de célestes mémento, qui confirment et fécondent les notions propres et nécessaires de la raison. Cette croyance est au fond de toutes les religions ; elle en fait la force, elle en motive l’existence ; elle leur prête même une valeur proportionnée à ce qu’elles contiennent de vérité. Ceci, j’en conviens, ne donne pas encore la preuve de la divinité d’origine et de la vérité intégrale de telle ou telle tradition tenue pour révélée, encore moins la notion d’une certaine infaillibilité dans les auteurs de telle ou telle doctrine ou de tel ou tel livre. Il y a encore pour en venir jusque-là, et en particulier pour appliquer ces idées à l’auguste croyance qui depuis dix-huit cents ans guide toutes les nations de l’Occident, plus d’une difficulté à vaincre, plus d’un abîme à franchir. Nous en laissons le soin à l’auteur encore inconnu de l’habile apologétique qui conviendrait à notre siècle et qu’appelleraient tous nos vœux.
En nous mettant au point de vue plus modeste de l’historien et du publiciste, voici ce qu’en rentrant dans les réalités nous constatons sans une longue enquête. La société dont nous sommes membres, la portion de l’humanité dans laquelle nous sommes nés tous, professe généralement que les manifestations spéciales par lesquelles la Providence a donné la force et la vie à nos primitives dispositions religieuses sont celles que rapporte un testament tenu pour sacré parmi nous, celles que décrivent et commentent toutes les chaires élevées par la piété, d’Archangel à Cadix et de l’Attique en Islande. Voilà en fait la religion parmi nous. La philosophie a certes le droit de rechercher la religion abstraite comme le gouvernement abstrait ; n’a-t-elle pas pour mission de contempler l’idéal ? Seulement l’idéal n’est pas le réel ; la religion abstraite n’est pas plus une religion que le gouvernement abstrait n’est un gouvernement. Chacun sait bien quel est, sur la terre où il réside, le gouvernement ; il n’est pas plus difficile de savoir quelle est la religion. Maintenant, de même que tout n’est pas dit parce que l’on connaît en gros son gouvernement et qu’on s’y soumet, de même qu’il reste encore à en étudier l’esprit, les règles, les principes, les formes, que c’est l’œuvre et le devoir de la raison et du patriotisme de le délivrer de tout ce qui le dépare et l’altère, de le faire profiter de tous les progrès tant de l’esprit humain que de la moralité humaine, il reste encore, la religion d’un pays étant donnée, beaucoup à faire à l’activité consciencieuse de l’intelligence pour la connaître dans son fond, dans son essence, dégagée de fictions additionnelles et d’accessoires abusifs, pour la maintenir ou la ramener à l’état le plus exempt d’erreur, au plus haut degré possible de vérité et de sainteté. Mais si l’on ne se cantonne pas dans l’idéal comme le métaphysicien,