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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 19.djvu/46

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comme ayant pour puissance spécifique et particulière la rédemption surnaturelle du péché dans le christ Jésus, et non pas uniquement dans une proportion extraordinaire de sagesse et d’amour. Ils croient en Christ comme littéralement et véritablement « Dieu manifesté dans la chair, » tout pouvoir lui étant donné au ciel et sur la terre ; comme le fils de Dieu éternellement engendré, le mode de son unité avec le père demeurant un mystère de gloire et de grâce qui surpasse toute connaissance par les conditions mêmes du fait, comme le chef toujours présent et vivant de l’église, et l’intercesseur personnel pour ses disciples. Ils croient en l’universalité du besoin d’un renouvellement spirituel dans le cœur des hommes par le repentir, la grâce de pardon, et le salut en Christ. Ils tiennent que la croix du Rédempteur est l’unique espérance du monde, tous ceux qui sont sauvés, en quelque lieu que ce soit, étant sauvés par l’administration spirituelle et la domination du fils de Dieu sur la race entière, que l’homme ait ou n’ait pas conscience de son opération. Ils croient en la prière, comme acte de demander à Dieu et de recevoir de lui, et non comme acte d’excitation et de réaction de l’homme sur lui-même. Sous ces rapports, ils diffèrent probablement en doctrine des autres qui portent la même dénomination. Ils s’accordent en beaucoup d’autres points. »


Il ne nous appartient pas de discuter le fond des croyances. Seulement il nous semble difficile pour des protestans anglais de déclarer celle-ci anti-chrétienne, sans rejeter du même coup des docteurs et des ministres qui ont été la force et la parure de la religion, et même de l’église en Angleterre. En France, malgré des différences dogmatiques qui ne se cachent pas, la distinction, très sérieuse au fond des consciences, n’a pas éclaté en de mutuelles exclusions. On sait que le protestantisme français a aussi ses églises officielles et quelques églises libres. Or dans les premières la chaire est simultanément ouverte à des doctrines entre lesquelles une différence fondamentale sur la nature du Sauveur se laisse assez facilement apercevoir. Dans l’église indépendante, il nous semble que le plus éminent défenseur de la foi personnelle, issue librement de l’Écriture et de la conscience, est M. Edmond de Pressensé. Comme écrivain et prédicateur, il se distingue de l’orthodoxie des formulaires, mais il n’en est pas pour cela l’adversaire, et personne assurément n’a songé à le reléguer hors du cercle de l’Évangile. Il y aurait plus que de la témérité à le ranger même avec Channing, qu’il respecte, mais qu’il ne suit pas. Or nous doutons qu’il repoussât rigoureusement ceux dont l’erreur ne lui paraîtrait rien ôter au christianisme du cœur. Sa Revue chrétienne nous semble l’expression la plus avancée d’une doctrine évangélique avec indépendance, mais toujours profondément chrétienne. La Revue de Théologie, publiée à Strasbourg, inspirée par une philosophie plus hardie, nous représenterait mieux la foi de ceux qui se glorifient d’être encore chrétiens en repoussant toute orthodoxie littérale et décrétée. Il ne