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UN
HUMORISTE SATIRIQUE
DU THÉÂTRE ANGLAIS

I. The Life and Remains of Douglas Jerrold, by his son; London, W. Kent and C°., 1859. — II. The Writings of Douglas Jerrold, collected edition; London, Bradbury and Evans, 1852.



Avez-vous jamais visité les établissemens maritimes et militaires si multipliés dans le voisinage de Londres? En ce cas, en quittant Chatham, vous avez dû descendre la Medway entre deux rangées de vaisseaux de guerre, de canonnières, de batteries flottantes, et bientôt vous abordiez devant Sheerness. A ceux qui ne le connaissent pas, c’est tout au plus si nous conseillerons d’affronter les fanges de ce petit port, dénué, pour qui n’est pas ingénieur ou manufacturier, de toute poésie, de tout intérêt comme de toute beauté. Sheerness en effet est un énorme atelier où le laisser-aller de la gent marine s’étale tout à l’aise et sans scrupule parmi les fumées du goudron, les sifflemens de la vapeur, le fracas des lourds marteaux : aucune élégance, peu de comfort et nul plaisir. Contrairement aux us et coutumes de toute ville anglaise qui se respecte, Sheerness n’a point avec Londres de rapports télégraphiques; le gaz municipal n’y brille qu’à défaut de lune; on n’y saurait trouver un guide imprimé. Bref, et c’est tout dire, Sheerness n’a point de théâtre. Le malheureux marin, qui ne sait où dépenser ses soirées oisives, n’a le choix qu’entre de sales beer-shops ou les distractions par