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Romains étaient plus à sa portée. Comme il s’était déjà mis sur le pied de voir dans les agens diplomatiques de la France de purs instrumens placés à sa disposition, il chargea M. Miot d’aller à Rome veiller à l’exécution de ces arrangemens. Ce dernier, malgré ses préventions contre le saint-siège, porta dans l’accomplissement d’une mission aussi délicate des égards et une convenance dont les représentans de la république française étaient loin alors de donner toujours l’exemple; mais il trouva peu de facilités pour mener à bien la négociation confiée à ses soins. De nouvelles armées autrichiennes avaient passé les Alpes, la fortune de Bonaparte parut un moment chanceler. Il n’en fallut pas davantage pour que le gouvernement romain essayât de traîner cette négociation en longueur, espérant sans doute que les chances de la guerre le dégageraient de ses promesses. M. Miot d’ailleurs ne tarda pas à quitter Rome, où Bonaparte le remplaça par un autre agent qu’il jugeait plus disposé à entrer dans ses vues, alors bienveillantes pour le saint-siège, et il retourna à Florence.

Bientôt après, il y reçut sa nomination au poste d’envoyé auprès du gouvernement piémontais. Avant d’en aller prendre possession, le directoire le chargeait de se rendre, en qualité de commissaire extraordinaire de la république, dans l’île de Corse, que les Anglais venaient d’être forcés d’abandonner après l’avoir occupée pendant deux ans, d’y rétablir l’ordre, d’y calmer les haines de parti et de faire passer le plus promptement possible ce pays, encore si étranger à nos mœurs et à nos habitudes, sous l’empire des lois et des institutions communes au reste de la France. La tâche qu’on lui imposait n’était rien moins qu’aisée. Il paraît s’en être acquitté aussi bien que les circonstances le permettaient. Ce fut dans le cours de ce voyage qu’il vit pour la première fois Joseph Bonaparte, et que commença à se former entre eux une liaison qui devait avoir une grande influence sur le reste de sa carrière.

Lorsqu’après cinq mois de séjour en Corse il put, en août 1797, retourner sur le continent de l’Italie, la situation s’y était beaucoup améliorée. De nouvelles victoires de Bonaparte, plus éclatantes, plus complètes encore que les précédentes, avaient enfin réduit l’Autriche à demander la paix. Les préliminaires de Leoben étaient déjà signés. Bonaparte était revenu à Milan jouir de son triomphe, dicter des lois aux peuples conquis et négocier avec les envoyés de la cour de Vienne. M. Miot se hâta d’aller lui offrir ses hommages et recevoir ses directions ou plutôt ses ordres. Il le trouva dans la magnifique résidence de Montebello, entouré de sa famille, qu’il y avait appelée comme pour l’associer à sa grandeur naissante, et « au milieu d’une cour brillante plutôt que dans un quartier-général. Une étiquette sévère régnait déjà autour de lui; ses aides-de-camp et ses