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DU PROGRES
DANS LES
SOCIÉTÉS ET DANS L’ÉTAT

L’Individu et l’État, par M. DUPONT-WHITE, 2e édition, 1858.



Je voudrais donner brièvement et en quelques lignes une idée de l’objet que s’est proposé M. Dupont-White, afin que l’exposition qui va suivre et le débat, s’il y a débat, étant déterminés sans incertitude, soient saisis sans difficulté. Le titre, que d’ailleurs je ne critique pas, est insuffisant, comme la plupart des titres. L’auteur y met l’individu et l’état en présence, mais c’est tout; il faut donc passer cette inscription préliminaire et aller au cœur du livre : là aucun doute ne subsiste; la pensée qui s’y manifeste et s’y développe est qu’à mesure que la civilisation augmente, la fonction de l’état augmente aussi. Loin que plus d’affaires et de plus grandes affaires viennent à l’individu, plus d’affaires et de plus grandes affaires viennent à l’état. Ceci est expressément dirigé contre la thèse où l’on soutient que le but de la civilisation est de supprimer ou d’atténuer l’état et d’y substituer l’action de l’individu.

M. Dupont-White dit avec justesse et profondeur : « Il est aussi naturel à l’homme d’être gouverné que d’être libre, parce que l’égoïsme fait partie de sa nature non moins que le sens moral. » L’égoïsme en effet et le conflit des intérêts exigent un arbitre supérieur et général; mais j’ajouterai sans crainte, et M. Dupont-White y acquiesce tout le long de son livre : Le sens moral de l’homme est aussi une des conditions pour lesquelles il lui est naturel d’être gou-