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DE L’ART
ET DE LA CRITIQUE D’ART
A PROPOS DE QUELQUES ÉCRITS RÉCENS.


I. Histoire des Artistes vivans, par M. Théophile Silvestre, Paris 1856-57. — II. L’Art, les Artistes et l’Industrie en Angleterre, par le même, Londres 1859. — III. J. Pradier, étude sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. Etex, Paris 1859. — IV. L’École d’Anvers en 1838, par M. Adolphe van Soust, Bruxelles 1859.





Il serait au moins difficile de démêler un principe général, un certain fonds de doctrines communes dans les appréciations critiques auxquelles les œuvres de l’art contemporain servent d’occasion ou de prétexte. Aussi diversement inspirés que les artistes dont ils jugent les travaux, les écrivains semblent prendre à tâche d’étonner l’opinion, qu’ils ont la mission de conseiller et d’instruire. De là ces enthousiasmes ou ces dédains excessifs qui s’affichent alternativement, de là ces panégyriques ou ces anathèmes à l’adresse des mêmes talens, suivant les croyances du lieu et l’humeur de celui qui parle; de là aussi le scepticisme où nous nous réfugions de guerre lasse, pour échapper à ce conflit perpétuel d’affirmations et de démentis, et l’indifférence avec laquelle nous laissons la critique tenter les efforts les plus contradictoires afin de nous séduire ou de nous convaincre. Peut-être est-ce à la stérilité même de ces efforts qu’il convient d’attribuer le goût que nous avons tous plus ou moins aujourd’hui pour les particularités biographiques, pour les menus faits et les chroniques d’atelier. Tout en nous désintéressant progressivement des œuvres et surtout des commentaires qui les expliquent, nous sommes devenus avides de renseignemens sur les personnes, et certes on nous a mis amplement en mesure de satisfaire notre curiosité sur ce point. Nombre d’écrivains se sont