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RACHEL
HISTOIRE LOMBARDE DE 1848.



Dans un district reculé de la Basse-Lombardie, à quelques heures de Pavie et tout près de la frontière du Piémont, loin des habitations élégantes et modernes de l’aristocratie et de la finance milanaises, on peut aujourd’hui encore voir une habitation dont l’aspect imposant annonce au château, et qui depuis longtemps déjà n’est plus qu’une ferme. D’épais taillis, des canaux remplis d’une eau presque stagnante entourent et isolent les bâtimens de ce rustique manoir. Huit tours délabrées, qui paraissent avoir servi autrefois de retraite aux farouches barons du moyen âge, se dressent aux angles de la cour principale. Sous ces tours s’ouvrent d’immenses souterrains que des éboulemens successifs ont rendus presque impraticables, et qui s’étendent à une distance de plusieurs lieues.

À l’intérieur du château devenu ferme, de vastes escaliers et de longs corridors voûtés, des murailles de quatre à cinq pieds d’épaisseur et des cheminées sous lesquelles eussent tenu commodément une douzaine de personnes, voilà tout ce qui restait, il y a quelques années, de l’ancienne grandeur de l’édifice. Les voûtes et les murailles paraissaient encore en assez bon état, mais les portes et les fenêtres ne consentaient pas plus facilement à se fermer qu’à s’ouvrir ; les briques rouges qui formaient le plancher étaient dévorées