Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 21.djvu/914

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reptiles ont un autre représentant, le nothosaurus, qui avait peut-être déjà fait son apparition à l’âge devonien. Les plantes se comptent par centaines, et elles ont laissé leurs dépôts accumulés dans ces houilles dont les bassins semblent inépuisables : ce sont des cryptogames, des fougères, dont on distingue encore les frondes, les pétioles et les tiges. Ce sont surtout des plantes dicotylédones à graines nues. Plusieurs de ces familles végétales sont aujourd’hui complètement anéanties ; elles étaient aussi remarquables par l’élégance que par la variété, et le nombre total des essences ne s’élève pas à moins de 500. Il y avait moins de genres, mais un plus grand nombre d’espèces. Pour en donner une preuve, nous dirons que les fougères du terrain houiller comprennent en Europe environ 250 espèces, tandis qu’aujourd’hui on en compte seulement 50 dans la même partie du monde.

Le grand développement que prennent alors les continens explique l’accroissement des végétaux et la multiplication des êtres. Les conditions climatologiques et géographiques se sont modifiées, il en résulte des genres auparavant inconnus. Des changemens s’accomplissent dans la température, dans l’état hygrométrique et électrique, dans la distribution de la lumière, la répartition des terres et des eaux. Les animaux, comme les plantes, offrent une physionomie différente en relation avec cet ordre nouveau.

Nous ne suivrons pas la succession des terrains, et nous ne mettrons point sous les yeux du lecteur les tableaux différens offerts par chaque période. Il suffira de noter ici quelques faits généraux. Les sauriens, ces reptiles dont le type nous est fourni par les crocodiles et les lézards, se multiplient dans le terrain du lias, précisément parce que les eaux et les estuaires offraient alors des conditions éminemment favorables au genre de vie de ces animaux ; ils atteignaient une taille gigantesque et présentaient une incroyable variété de formes. Les uns avaient l’aspect d’un poisson, les autres étaient munis d’un long col, et pouvaient, comme les cygnes, tout en nageant à la surface, saisir au loin leur proie ; plusieurs étaient pourvus de longues ailes, comme les chauves-souris. Les poissons présentaient une épaisse armure, et plusieurs espèces devaient être singulièrement carnivores. Il y avait dans les eaux comme une exubérance de vie, parce qu’était arrivée l’époque la plus favorable à la croissance des sauriens et des poissons ; mais les continens ne présentaient pas les mêmes avantages. Si la végétation y était active, la vie supérieure ne s’y était pourtant point encore développée. Les oiseaux ne peuplaient pas l’air, et les mammifères n’habitaient pas les forêts. La faune terrestre demeurait limitée à des espèces inférieures, tandis que la faune marine atteignait à un degré d’organisation d’où elle n’a plus fait que déchoir. C’est seulement avec les