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longueur de 26 kilomètres. Ces belles cataractes offrent une succession de paysages magnifiques, et n’attendent que les visites de la foule pour rivaliser de gloire avec le Niagara. Pendant la saison des crues, de petits bateaux à vapeur remontent jusqu’au pied même de la quatrième chute, dont la hauteur est de 27 mètres ; mais le pays est encore trop désert pour attirer soit les savans, soit les touristes désœuvrés. Au-dessous des cataractes, le Missouri perd son caractère de fleuve de montagne et devient simplement un autre Mississipi. Comme ce fleuve, il erre incessamment dans les campagnes à la recherche d’un lit, ici formant des méandres presque entièrement circulaires, ailleurs se frayant un passage à travers un isthme étroit et laissant à droite et à gauche des tronçons de rivière, transformant les presqu’îles en îles, en bancs de sable ou en lagunes, creusant la base des collines et déracinant les forêts. Comme le Mississipi, il engloutit de vastes rivières telles que le Nebraska, le Kansas et la Gasconnade, sans que la masse de ses eaux en paraisse augmentée. Enfin, chargé des alluvions du terrain crétacé qu’il traverse, il va par une embouchure changeante se déverser dans le Mississipi, cette grande a:orte de l’Amérique du Nord.


II.

À une trentaine de kilomètres au-dessous du confluent s’élève la ville de Saint-Louis, qui a déjà une population de 120,000 habitans, et qui aspire à devenir la capitale des États-Unis. En effet, sa position géographique est admirable. Riche de ses ressources agricoles et des inépuisables trésors que lui offrent les forêts, les houillères, les mines de plomb et les montagnes de fer, Saint-Louis possède d’autres sources de richesse incomparables dans les magnifiques avenues commerciales que lui ouvrent le Mississipi et ses affluens. Aux environs de Saint-Louis, la vallée transversale qui s’étend des Rocheuses aux Alleghanys, depuis les sources du Missouri jusqu’à celles de l’Ohio, coupe à angle droit la vallée longitudinale du Mississipi. C’est là que viennent se rencontrer les quatre branches formées par le système fluvial des États-Unis : au nord, le Haut-Mississipi, dont la source s’échappe d’un lac silencieux ombragé par de tristes forêts de pins ; au sud, le Bas-Mississipi, traversant des pays d’alluvions riches en productions presque tropicales ; à l’est, l’Ohio, arrosant une région populeuse parsemée de villes et de fabriques ; à l’ouest, le Missouri, arrivant des profondeurs inexplorées du désert.

Bien que Saint-Louis occupe le vrai centre des États-Unis sous le rapport hydrographique, cependant il n’est pas encore le centre de population, c’est-à-dire le point autour duquel le nombre des habi-