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L’Espagne s’unit donc avec la France et la Sardaigne. Au mois de novembre 1733, le maréchal de Villars entra dans le Milanais, et s’empara de Pavie et de Milan. En 173A, api es la mort de Villars, qui mourut à Turin à quatre-vingt-trois ans, la bataille de Guastalla acheva la conquête de la Lombardie. Pendant ce temps-là, les Espagnols, sous la conduite du duc de Mortemar, s’emparaient du royaume de Naples et remportaient à Bitonto une victoire qui assurait leur conquête. L’infant don Carlos passa ensuite en Sicile, et fut couronné roi des Deux-Siciles à Palerme le 3 juillet 1735.

L’empereur Charles VI avait espéré que l’Angleterre et la Hollande prendraient son parti. La neutralité que la France assura aux Pays-Bas, et qu’elle observa scrupuleusement, décida l’Angleterre et la Hollande à rester neutres. Elles se firent médiatrices, et dès 1735 elles proposèrent plusieurs projets d’arrangement. L’Autriche aima mieux traiter particulièrement avec la France que d’accepter la médiation des puissances qu’elle accusait presque de trahison, parce qu’elle n’avait pas pu en obtenir l’alliance. Le 3 octobre 1735, un traité fut signé à Vienne entre la France et l’Autriche. Le royaume des Deux-Siciles et les ports de Toscane furent cédés à don Carlos; mais l’infant céda à la maison de Lorraine le grand-duché de Toscane, dont il devait avoir l’investiture après la mort du dernier Médicis, et il céda à l’empereur le duché de Parme et de Plaisance. Le duc de Lorraine céda la Lorraine à Stanislas Leczinsky, qui abdiqua la couronne de Pologne, et il fut stipulé qu’après la mort du roi Stanislas la Lorraine serait réunie à la France. Au lieu de tout le Milanais, qu’il avait espéré, le roi de Sardaigne n’en eut que deux provinces, le Novarais et le Tortonais. Le roi de Sardaigne se plaignit que la France l’eût abandonné; l’Espagne se plaignit aussi. La reine Elisabeth Farnèse avait espéré que, son fils aîné don Carlos devenant roi des Deux-Siciles, son fils puîné, l’infant don Philippe, deviendrait duc de Parme et Plaisance.

Nous avons indiqué les principales stipulations du traité de Vienne en 1735. Ce traité ne devint définitif qu’en 1738. Qu’y gagna la nationalité italienne? L’Autriche ne fut pas complètement expulsée de l’Italie; mais elle y perdit la prépondérance que lui avait donnée le traité d’Utrecht. Exclue de l’Italie méridionale, elle y fut remplacée par une dynastie qui devait bientôt devenir italienne. La Sardaigne, puissance tout italienne, fut agrandie et continua ses empiétemens sur le Milanais. La France, fidèle à sa promesse, ne prit rien en Italie; mais en faisant céder la Toscane à la maison de Lorraine, qui allait devenir la tige d’une nouvelle maison d’Autriche, la France acquit la Lorraine, et, par une bizarre combinaison de circonstances, la reine la plus pauvre et de plus petite naissance qu’ait jamais épousée un roi de France fut celle qui apporta en dot à la France la Lor-