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rait d’une manière telle qu’aucun bras ne serait en mesure de le rompre, qu’il ne resterait à l’emploi des armes que ces éventualités impérieuses devant lesquelles tout s’incline, et qu’accepte résolument un peuple qui maintient en première ligne le sentiment et la défense de son honneur.


III.

Les trois volumes dont se compose le Cours de M. Michel Chevalier ne négligent aucune des questions qui viennent d’être résumées ; ils en sont le judicieux commentaire. Les qualités qui surtout les distinguent sont l’érudition et la connaissance des faits. D’autres professeurs ont donné à leur enseignement un but et un accent plus élevés en le renfermant dans les principes et dans les problèmes. M. Michel Chevalier a suivi une autre marche ; c’est au détail que de préférence il s’est attaché. Tenant pour démontrées les vérités spéculatives, il a mis la science pour ainsi dire en action, en a suivi les effets et tiré les conséquences. Parfois, avec un art ingénieux, il emprunte à l’histoire ses procédés ; au lieu de traiter dogmatiquement une question, il en fait le récit, la prend à ses origines et la conduit jusqu’à nous à travers les périodes qu’elle a parcourues. Çà et là, des épisodes reposent l’attention, que pourraient lasser les notions techniques et l’aridité des calculs. Cette méthode est pleine d’attrait, si elle pèche par la portée ; elle captive davantage, si elle force moins à réfléchir et s’adresse par conséquent à un plus grand nombre d’esprits. Pour rendre l’économie politique populaire, il n’en est point de plus sûre, et tel est évidemment l’objet que M. Michel Chevalier a dû se proposer. Il aurait pu recommencer les cours déjà faits ; il a mieux aimé en avoir un qui lui fût propre. Personne n’était plus en mesure que lui d’entreprendre l’éducation du public sur une foule de matières qui défraient aujourd’hui les livres ou les entretiens, et dont on parle un peu au hasard : les institutions de crédit, les voies de communication, l’enseignement professionnel, la fonction de la monnaie, l’application de l’armée à de certains travaux, le rôle des machines, l’organisation industrielle, les avantages de l’association, l’intervention du gouvernement, soit directe, soit indirecte, et prenant la forme tantôt d’une surveillance, tantôt d’un concours. Ces divers sujets amènent dans l’ouvrage de M. Michel Chevalier autant de leçons instructives, où aucun détail n’est omis, tandis que les questions générales trouvent dans les discours d’ouverture leur place naturelle et bien appropriée : dans ces discours, le ton s’élève, le style aussi : une part convenable est faite à l’éloquence et à l’inspiration.

Il n’entre point dans mon cadre de suivre M. Michel Chevalier