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LE
TRAVAIL ORGANISE
ET LE TRAVAIL LIBRE


I. Histoire des Classes Ouvrières en France, depuis la conquête de Jules César jusqu’à la révolution, par M. E. Levasseur ; 2 vol. in-8o, Paris 1859. — II. De l’Enseignement professionnel, par M. A. Corbon, 1 vol. in-18, 1859. — III. Les Clauses Laborieuses, leur condition actuelle, leur avenir par la réorganisation du travail, par M. Al. Compagnon, 1 vol. in-18, 1858.



Nous avons vu émettre, il y a quelques années, bien des projets pour changer le sort des ouvriers. Aucun n’a abouti. On n’a rien fait parce qu’on a voulu trop faire, et parce qu’on a cru pouvoir improviser dans une matière très difficile. Pour faire réellement du bien aux ouvriers, il ne faut pas étudier les réformes en pleine révolution ; la peur et la colère conseillent mal. C’est dans le calme, dans la profonde paix, quand le pesant marteau des usines résonne sans relâche, quand les manufactures regorgent de commandes, et que le public commence à perdre tout doucement le souvenir des clubs et de leurs bruyantes manifestations, c’est alors que les philosophes, sans autre passion que celle de l’humanité, doivent examiner les intérêts et peser les droits de ces milliers de travailleurs dont la vie s’écoule devant un établi, et qui, malgré leur activité et leur énergie, ne sont jamais sûrs du lendemain. Les ouvriers, surtout si l’on comprend dans le nombre les ouvriers agricoles, forment les plus gros bataillons, et tant que ces masses profondes de paysans et d’artisans n’auront pas leur part légitime de bien-être, le