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« Peterborough, octobre 1857.

« Rien de plus charmant que l’entourage de la cathédrale de Peterborough. Ces cathédrales anglaises sont entourées d’un pittoresque mélange de verdure, de ruines, de petites maisons. C’est ici qu’on en trouve l’ensemble le plus complet. A droite de l’église, quelques débris de cloître, de beaux arceaux d’ogive primitive; plus loin, dans tout l’espace gazonné et ombragé qui entoure l’église et qu’occupaient les anciennes dépendances, circulent des lanes irréguliers parmi des pans de murs, des jardins, de charmans petits cottages. Des arbres colorés des teintes de l’automne étendent leurs grands rameaux; le lierre, d’un vert vif, d’une feuille vigoureuse, tapisse les murs, grimpe dans les ruines et les voile à demi. Les oiseaux chantent sous ces bosquets comme si c’était le printemps. De charmantes petites maisons, reluisantes de l’éclat de leurs vitres, de leurs portes peintes, de leurs stores, à moitié cachées dans ces débris, sont rangées le long des lanes. Quelques-unes sont tapissées de houx, des buissons croissent devant la porte; parfois quelques fleurs coquettes décorent le seuil...

« Le portique de la cathédrale est magnifique; la hauteur de la voûte, la beauté et la hardiesse de ces faisceaux de colonnettes qui y montent, frappent et satisfont. Un élan et un repos de l’esprit tout à la fois : un élan dans la poursuite de ces légères colonnes, un repos dans leur beauté; exactement ce qu’est l’idée ou l’amour de Dieu, un élan vers lui et un repos en lui! C’est ce que traduisent ces pierres. Voilà ce qu’elles disent dans leur langage. C’est la même impression éveillée dans l’âme. Les oiseaux nichent et chantent sous les voûtes de ces cathédrales comme s’ils y trouvaient aussi l’image des grands bois. Ils volent dans l’ombre religieuse et effleurent de l’aile les feuillages de pierre comme sous une autre forêt sacrée et symbolique. A l’entrée du chœur, d’un côté, on voit la tombe de Catherine d’Aragon; de l’autre, une plaque de marbre noir à l’endroit où le corps et la tête de Marie Stuart furent inhumés venant de Fotheringay. On montre encore, accroché au mur, le portrait du vieux sexton. En effet les traits de celui qui avait eu dans la vie le soin de deux si tragiques funérailles méritaient d’être conservés. Il tient son trousseau de clés; il a de longs cheveux et une longue barbe blanche, l’air triste et saturé d’expérience, branlant sa vieille tète aux choses de ce monde comme un homme du destin, et comme si son lugubre office avait laissé une empreinte sur son visage. »

Et à côté qu’on place ces descriptions de contrées toutes méridionales !