de la mer, à notre droite par conséquent, se trouvait ce petit village dans lequel, d’après les indications du maréchal Saint-Arnaud, devait stationner un régiment de hussards russes avec quelques pièces d’artillerie. L’intention du général Yusuf, je le suppose, était de marcher pendant quelque temps le cap sur Babadagh, puis de se jeter brusquement à droite, de tomber sur les Russes, et de les prendre eux et leurs pièces. Le 1er de zouaves aidant, la chose devenait possible. À ce moment toutefois, le général Yusuf, ne voyant plus rien à l’horizon qui pût l’éclairer sur sa communication avec la troisième brigade, commença d’avoir quelque inquiétude. Il me donna aussitôt l’ordre de pousser en avant pour voir si je ne découvrirais pas la direction que le capitaine de Sérionne avait prise. Je partis, suivi d’un trompette et d’un porte-fanion. Arrivé assez loin, je me dirigeai sur une légère éminence, d’où je pouvais plonger dans le vallon. Malgré une excellente lunette, j’eus beau regarder, je ne vis rien. Bien éclairé sur ce point, je dépêchai au général mon trompette, chargé de lui expliquer ce qui en était. Au bout de quelque temps, je vis un fort nuage de poussière s’avancer vers moi : c’était le général avec toute sa colonne qui arrivait au grand trot. Le trompette, n’ayant rien compris à mes instructions, avait annoncé au général que le capitaine de Sérionne était engagé, et que j’entendais la fusillade. On peut juger de la colère que provoqua ce faux rapport quand on connut la vérité. De telles méprises cependant sont des contre-temps auxquels l’homme vieilli dans la guerre devrait être préparé, et puis avec les bachi-bozouks il aurait fallu s’attendre à tout. Quoi qu’il en soit, l’inspection des traces du sabot des chevaux sur le sol m’ayant convaincu que la colonne d’éclaireurs se dirigeait à gauche, je fis part de ma découverte au général. C’était un nouveau mécompte : il voulait aller à droite, et se voyait forcé d’aller à gauche. Un officier d’ordonnance reçut l’ordre de courir à toute bride vers la colonne en marche et d’arrêter son mouvement. Au bout de trois quarts d’heure d’une course échevelée, il revint annoncer qu’il avait rencontré la colonne de M. de Sérionne, que celui-ci ne pouvait arrêter son mouvement, ses tirailleurs étant engagés avec la cavalerie russe. Il ne nous restait plus qu’à marcher, et c’est ce que nous fîmes. On descendit dans le vallon, on prit à gauche au grand trot. Les zouaves flairaient de la besogne, et couraient comme des lièvres. Arrivés sur une éminence, nous eûmes enfin une idée assez nette de l’action commencée. Cosaques et bachi-bozouks se fusillaient à nos pieds, dans des prairies coupées par une petite rivière, sur laquelle était jeté un pont conduisant au village de Periklé, séparé de la rivière par une distance d’une vingtaine de pas. Les cosaques refoulés avaient repassé la petite rivière; les bachi-bozouks, enlevés par le cadre français, qui
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