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princières et politiques, la condition économique de chaque état d’outre-Rhin. On s’explique des lois comment les origines et les premiers développemens de la grande association douanière sont demeurés à peu près dans l’ombre. On n’a guère commencé à s’en occuper sérieusement que le jour où les deux principales puissances de la confédération, la Prusse et l’Autriche, ont engagé, à propos des questions commerciales, une lutte d’influence dont les gouvernemens étrangers ont dû suivre avec attention les différentes péripéties. Alors l’intérêt politique a mis en relief le Zollverein, cause ou prétexte de débats qui sont devenus plus passionnés encore depuis la guerre d’Italie, et qui peuvent amener des complications nouvelles dans l’organisation commerciale de l’Allemagne.


I.

Le germe d’une association douanière entre les divers états germaniques se trouve dans l’article 19 de l’acte fédéral rédigé en 1815. « Les membres de la confédération, est-il dit dans cet article, se réservent, dès la première réunion de la diète à Francfort, de délibérer sur le commerce entre les différens états, ainsi que sur la navigation, d’après les principes adoptés au congrès de Vienne. » Ce n’était là néanmoins qu’une vague déclaration par laquelle on se bornait à indiquer le but à poursuivre. On s’entendit assez aisément sur les questions qui se rattachaient à la navigation des fleuves; on supprima partout, d’un commun accord, quelques droits odieux, tels que les droits d’aubaine et de détraction, débris du moyen âge que la révolution française avait réduits en poussière, et qui devaient, même en Allemagne, où tant de traditions gothiques s’étaient conservées, tomber au souffle de l’esprit nouveau. Quand on en vint à la discussion du régime douanier, les divergences d’intérêts et d’opinions se produisirent. La diète germanique reconnut qu’une solution immédiate serait impossible, et elle n’accorda aux projets d’union que le stérile vote de l’ajournement.

Cependant l’idée était juste, et l’on peut dire, à l’honneur du gouvernement prussien, que dès ce moment il eut en quelque sorte l’instinct qu’elle se réaliserait tôt ou tard. Son intérêt d’ailleurs le portait à désirer, au moins sur une portion du territoire germanique, la suppression des barrières de douanes qui entravaient les communications entre les provinces orientales de la monarchie et les provinces rhénanes. Avant de conseiller la réforme dans les autres états, il prêcha d’exemple, et entreprit de réformer son propre tarif. De là une loi fondamentale, la loi du 26 mai 1818, qui, tout en assurant à l’industrie nationale une protection convenable, sup-