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sir George Nicholls, nommé en 1821 inspecteur des pauvres à Southwell, après avoir fait partager ses vues de réforme à son collègue et aux deux marguilliers, réduisit d’abord les secours à la somme réclamée par les besoins incontestables. Il s’occupa ensuite de là réorganisation du workhouse, où les sexes furent séparés, les individus classés par catégories, enfin le régime alimentaire ramené à des conditions telles que, meilleur encore que dans la plupart des familles ouvrières, il cessa pourtant d’être une compensation attrayante de la perte de la liberté, et qu’ainsi l’offre de l’admission dans l’établissement devint entre les mains des inspecteurs la pierre de touche de la détresse réelle. La somme affectée à l’emploi des ouvriers valides fut diminuée, et on les fit encore travailler pendant deux ans ; mais, passé ce délai, la paroisse ne procura plus d’ouvrage, et le workhouse fut offert à tous ceux qui déclarèrent ne pouvoir en trouver. Jusqu’alors, la plupart des cottages avaient été dispensés de la taxe des pauvres, regardée comme une contribution obligatoire des riches en faveur de ceux qui ne l’étaient pas. On en fit une charge commune, et les assistés eux-mêmes eurent dorénavant à payer cet impôt, devenu celui, non pas d’une classe au profit d’une autre, mais de tous, pour subvenir aux besoins de chacun. De là pour les administrateurs l’obligation d’une sévère économie dans l’intérêt des pauvres eux-mêmes. Cette mesure, outre ses avantages financiers, eut encore pour effet de rendre aux ouvriers un sentiment de dignité depuis longtemps perdu ; ils trouvèrent une satisfaction d’amour-propre à justifier, par les récépissés du collecteur, de leur part contributive au bienfait de la communauté. Enfin une école fut ouverte dans un bâtiment contigu au workhouse, et les enfans indigens y reçurent l’enseignement primaire ainsi que leur nourriture quotidienne. Les dépenses du paupérisme n’en furent pas moins réduites de 410 livres sterling à 133.

Cette réforme, accomplie par des moyens simples et directs, se recommandait trop évidemment aux commissaires de l’enquête, pour qu’ils n’en fissent pas la base de leurs motions, et ils proposèrent en conséquence de rendre obligatoire pour l’Angleterre l’application des mesures qui avaient amélioré la situation de la paroisse de Southwell. Tout en reconnaissant l’impossibilité d’un système uniforme et la convenance d’une organisation appropriée partout aux circonstances locales, les commissaires signalèrent, au milieu de nouvelles dispositions à établir, la nécessité urgente d’une direction unique et centralisée.

Le 17 avril 1834, un bill conforme aux vues du comité et revêtu de la sanction ministérielle fut lu dans la chambre des communes et voté le 1er juillet suivant. Le 21 juillet de la même année, un infatigable