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VICISSITUDES
ET
PROGRES DE LA MEDECINE

Dictionnaire de médecine de P.-H. Nysten, onzième édition,
revue et corrigée par M. E. Littré et le Dr Ch. Robin ; 1 vol. gr. in-8o, 1858.



Un empirique se vantait de posséder un secret merveilleux pour la guérison des fièvres. On l’admet, non sans difficulté, à consulter avec de graves docteurs, et le doyen de la consultation lui demande : « Qu’est-ce que la fièvre ? — C’est une maladie que je ne sais pas définir, mais que je guéris, et vous, qui peut-être la pouvez définir, ne la guérissez point. » Cet empirique était un Anglais, le chevalier Talbot, compatriote et contemporain de Digby, l’inventeur de la poudre de sympathie ; son remède infaillible c’était le quinquina. Ce médicament précieux venait d’être introduit en Europe, où il fut d’abord considéré comme le spécifique de toutes les fièvres, car les hommes, selon la judicieuse remarque de Broussais, soupirent toujours après les spécifiques, et voilà pourquoi les charlatans ont tant de succès.

L’histoire du chevalier Talbot, qui pourrait bien n’être qu’une fable inventée à plaisir, nous a été conservée par Werlhof, auteur d’un recueil d’observations sur les fièvres. Ce médecin cite avec complaisance la réponse de l’empirique anglais, et son livre n’est pour ainsi dire qu’une thèse en faveur de l’empirisme. En cela, Werlhof a été logique ; il représente très bien cette classe considérable de médecins qui font profession de ne s’attacher qu’aux faits, qui en toutes choses ne considèrent que l’expérience. Esprit pratique et