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dans les réservoirs profonds des lacs Majeur, de Côme, d’Iseo et de Garde, ne suppléaient, par les irrigations qu’elles permettent, aux eaux que refuse un ciel trop constamment serein. Contrairement à ce qui se produit en France et dans l’Europe centrale, le vent d’est amène les pluies, parce qu’il vient de l’Adriatique, et le vent d’ouest la sécheresse, parce que les colonnes d’air, en franchissant les Alpes, s’y refroidissent, et y laissent tomber sous forme de neige toute l’humidité qu’elles contiennent.

Indépendamment de la douceur du climat et des bienfaits que lui procure un système d’irrigations abondantes, l’agriculture en Lombardie est surtout favorisée par le grand nombre des voies de communication. Le territoire est sillonné de 26,947,635 mètres de routes excellentes, dont la plus grande partie est faite et entretenue par les communes. Dans les vingt dernières années, celles-ci ont dépensé pour cet objet plus de 32 millions de francs ; mais en compensation des avantages dont elle jouit, la propriété foncière supporte d’énormes impôts : en 1854, ils s’élevaient à 29,205,764 lire, ce qui correspondait à 34 pour 100 du revenu ; en 1855, ils ont monté à 36 pour 100, et depuis lors, sans compter les emprunts récens, ils ont été augmentés chaque année, ainsi que les autres taxes, dont le total, impôt foncier compris, n’était pas inférieur à 80 millions de lire. Cette lourde charge, frappant une propriété très divisée, arrête la formation du capital, entrave les améliorations, et atteint même d’une manière sensible le bien-être du pays. L’effet en était tel que les fabricans autrichiens se plaignaient un peu naïvement de ce que la Lombardie épuisée leur achetait moins d’étoffes. Il était pourtant naturel que si les Lombards devaient payer plus de taxes pour subvenir aux frais de l’occupation de leur pays, ils ne pouvaient acheter autant de vêtemens pour se couvrir.

Les principaux produits de l’agriculture lombarde sont les céréales, la soie, le vin, le lin et le fromage. Le froment est d’excellente qualité, mais les récoltes n’en sont point aussi abondantes qu’elles pourraient l’être, si les cultivateurs tenaient plus de bétail et fumaient mieux leurs terres. La culture du seigle est peu répandue, et elle perd chaque jour du terrain. Elle occupe les parties les moins fertiles du pays, notamment la Géra d’Adda, qui est comprise entre les rivières Serio et Adda, et la plaine de Gallarata, qui autrefois formait au nord de Milan une vaste bruyère depuis le Tessin jusqu’au-delà de Monza. Le parc de la résidence royale de Monza donne une idée de la stérilité de ce sol léger et maigre, où il faut l’opiniâtreté et la frugalité des petits cultivateurs lombards pour obtenir même du seigle. L’orge et l’avoine sont relativement peu cultivées en Lombardie. Comme on laboure généralement avec des