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20 ou 25 degrés Réaumur. Aussi faut-il disposer avec beaucoup de soin le terrain où l’on veut établir des rizières, de telle sorte que la surface en soit parfaitement nivelée, et que les eaux, en la recouvrant partout également, aient un écoulement lent et régulier. On distingue les rizières en risaje a vicenda et en risaje stabili. Les premières entrent dans l’assolement et alternent avec le maïs, le trèfle et l’ivraie d’Italie [lolium perenne) ; ce sont celles qui donnent le produit le plus considérable. Les secondes occupent le sol d’une manière permanente ; elles rendent moins : aussi ne leur consacre-t-on en général que les terrains impropres à d’autres genres de culture. Le riz, semé dans l’eau au commencement d’avril et constamment recouvert d’une couche d’eau de deux ou trois pouces de profondeur, sarclé avec soin, mis à sec vers la Saint-Jean et préservé ainsi contre les ravages des insectes aquatiques, croît avec vigueur ; il est récolté au commencement de septembre. Les gerbes sont transportées sur de vastes aires préparées à cet effet et soumises au piétinement des chevaux, qui détache le grain. Ce procédé très primitif donne un aspect animé aux campagnes et transporte l’imagination aux premiers jours de l’agriculture ; un manège et une machine à battre feraient peut-être aussi bien la besogne, mais ceux qui aiment le pittoresque n’applaudiraient certainement point au changement.

En fait de céréales, malgré la densité extrême de la population, les provinces lombardes peuvent amplement se suffire, elles en exportent même dans les années ordinaires une quantité assez considérable, surtout dans le Tyrol. Des études statistiques faites avec le plus grand soin prouvent que la production annuelle suffirait à la consommation de treize mois et demi. On y récolte aussi beaucoup de vin, année moyenne, 1,500,000 hectolitres ; mais il est partout de qualité médiocre, âpre en hiver, aigre en été. Cette mauvaise qualité du vin provient du peu de soin qu’on met à cultiver la vigne. Les pampres grimpant aux ormeaux et suspendus d’arbre en arbre en riches guirlandes font un charmant effet dans les descriptions des poètes :

Ubi jam validis amplexae stirpibus ulmos.


Elles en font encore un assez gracieux, quoique uniforme, dans le paysage ; mais le résultat est détestable dans le pressoir. En général, le paysan italien choisit les espèces qui produisent le plus de fruits, sans s’inquiéter beaucoup du goût du vin que ceux-ci donneront. Il plante dans ses champs des lignes d’arbres, maintenus par un élagage fréquent à une médiocre hauteur, des peupliers, des mûriers, surtout des érables à petite feuille, de cent à deux cents