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JEAN DE LA ROCHE

QUATRIÈME PARTIE.[1]

XXI.

Une heure après, nous redescendions vers un vallon du fond duquel s’élève une colline verte, jadis couronnée par une forteresse. C’est la Roche-Vendeix, un cône dans une coupe profonde, comme le Puy-de-Diane auprès de Murols. L’antique forteresse de Vendeix a aussi une histoire, mais tout vestige a disparu. Love voulut monter jusqu’à l’emplacement couvert d’arbustes pour se faire une idée de la situation stratégique, et elle y monta en dépit d’une averse assez serrée. Je pouvais l’y suivre, car M. Butler et son fils, un peu fatigués tous deux, s’étaient mis à l’abri sous un hangar en paille auprès d’une maisonnette du hameau et n’avaient aucun besoin de moi ; mais j’étais dans un de mes accès d’aversion et de ressentiment, et je n’aspirais qu’à voir la fin de cette odieuse journée. Je regardais donc avec une indifférence dédaigneuse miss Love, enveloppée de son léger manteau de caoutchouc, la tête couverte du capuchon, gravir légèrement le cône, plus ressemblante de loin à un petit capucin qu’à une belle fille, et je m’efforçais de la trouver disgracieuse et ridicule, lorsque mon nom, prononcé par Hope, me rendit attentif à l’entretien du jeune homme avec son père. J’étais à l’abri près d’eux, contre une charrette où je m’appuyai dans l’attitude d’un homme qui dort, et je ne perdis pas un mot de leur conversation en anglais.

  1. Voyez les livraisons du 15 octobre et du 1er et du 15 novembre.