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de transparence devait trouver son explication la plus naturelle dans l’hypothèse que la matière cométaire ne formerait qu’une sorte d’immense cornet. Ce qui donne quelque valeur à cette dernière opinion, c’est que les queues, arrivées à un très grand développement, ne sont pas également lumineuses sur toute leur étendue ; les deux bords y sont plus brillans que la partie médiane, qui quelquefois est tout à fait obscure. Ce phénomène peut s’expliquer si l’on ne voit dans la queue de l’astre qu’un cône d’une certaine épaisseur, car l’on conçoit bien que dans ce cas les rayons lumineux, en traversant la région qui à nos yeux forme les bords, rencontrent plus de particules cométaires que ceux qui percent la queue de part en part dans la région médiane, de la même façon que, dans notre atmosphère terrestre, un faisceau lumineux venant de l’horizon rencontre plus de molécules aériennes que celui qui descend du zénith.

Il a fallu rappeler toutes ces notions générales pour faciliter l’intelligence des observations curieuses présentées par M. Bond sur la comète de Donati ; on va voir de quelle façon elles corroborent ou contrarient les idées théoriques qui généralement sont acceptées dans le monde savant relativement aux phénomènes cométaires. « La grande comète de Donati, écrit M. G. Bond, tient le premier rang parmi toutes les autres par les changemens multipliés et infiniment curieux qui s’y sont produits, et principalement par les exemples complets qu’elle a fournis relativement à l’origine, à la construction et à la dispersion finale d’une succession d’enveloppes. Ces phénomènes se lient intimement au mode de formation de la queue, alimentée par la substance qui est en contact immédiat avec le noyau. L’astronome voit de nuit en nuit l’œuvre d’évolution s’accomplir avec une étonnante rapidité, et il surprend des résultats qui contredisent en apparence les lois les mieux établies de la matière, les lois de la gravitation et de l’inertie. » « Il est bien établi, ajoute-t-il un peu plus loin, du moins en tant que nos moyens actuels d’observation nous permettent d’en juger, que les noyaux seuls des comètes se meuvent en obéissant à la force attractive du soleil et des planètes. Cette propriété, qui a été reconnue constamment et uniformément, n’est pas la moins singulière particularité de la constitution cométaire. D’immenses volumes de matière, provenant apparemment de la substance même du noyau, vont composer la nébulosité enveloppante et la queue ; mais dès le moment où ils ont quitté le corps central, le mouvement en devient parfaitement inexplicable, à moins qu’on ne suppose qu’ils sont sous l’influence de lois et de forces qui modifient grandement les effets de la gravitation. »

L’observation des enveloppes lumineuses séparées qui environnent