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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 24.djvu/702

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AU COIN DU FEU
SOUVENIRS ET PORTRAITS



I. — LE JARDIN DE LA GRAND’TANTE.


Sur la margelle grise
Du perron, un cytise
Semait ses fleurs au vent ;
À la saison nouvelle,
Une mère hirondelle
Gazouillait sous l’auvent.

Au bas, croissait plein d’ombre
Un fouillis frais et sombre
D’arbres verts ou fruitiers :
Fleurs s’unissant aux feuilles,
Vignes et chèvrefeuilles,
Lilas et framboisiers.

Là, venait la grand’tante,
Droite encore et riante
Malgré quatre-vingts ans ;
Elle passait alerte ;
Sous la charmille verte
Brillaient ses cheveux blancs.

Elle avait en mémoire
Mainte charmante histoire.
— Les souvenirs joyeux,
Disait-elle sans cesse,
Hé ! c’est notre jeunesse,
À nous autres, bons vieux.