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tableaux appartenant à cette époque, — le Martyre de saint Cyr et de sainte Juliette, que M. Heim exposait au salon de 1819, ou le Lévite d’Ephraïm, peint par M. Couder en 1817, — ne laissent pas de se ressentir des habitudes générales de l’école, et se recommandent moins par le caractère pathétique des intentions que par la noblesse et la fermeté du style. N’importe : une voie relativement nouvelle venait de s’ouvrir. Il était désormais permis aux peintres de chercher et de rencontrer le succès ailleurs que dans le champ de l’histoire profane. Vienne maintenant un talent inspiré ou quelque vaste entreprise renouvelée des beaux siècles, et la renaissance de l’art religieux aura achevé de s’accomplir.

Ce maître et cette occasion décisive, on crut d’abord les avoir trouvés lorsque Gros fut chargé de peindre la coupole du Panthéon, redevenu l’église de Sainte-Geneviève. On se rappelle le bruyant succès qui accueillit un travail remarquable à bien des égards, mais qu’il eût été plus juste d’accepter à titre d’essai de peinture monumentale que de louer comme un spécimen achevé de la peinture religieuse. En décorant la coupole de Sainte-Geneviève, l’illustre peintre de la Peste de Jaffa et de la Bataille d’Aboukir avait prouvé une fois de plus l’aisance et la verve de son pinceau. Il s’était en outre efforcé, dans une certaine mesure, de modifier sa manière et de subordonner ses inclinations naturelles aux conditions toutes spéciales de la tâche. Néanmoins Gros n’avait pu ni se transformer si complètement, ni répudier si bien les traditions de l’école d’où il était sorti, que l’élément purement héroïque ne prédominât dans son œuvre sur l’inspiration pieuse. D’autres essais de peinture murale, signés, il est vrai, de noms moins célèbres, attestaient non moins clairement la permanence des doctrines académiques, et là même où l’on prétendait le plus sincèrement s’en affranchir, on ne faisait qu’en varier quelque peu l’expression matérielle et les formes. Les procédés de la fresque, abandonnés depuis plus d’un siècle, étaient remis en honneur et employés non sans habileté dans la décoration de l’église Saint-Sulpice. Ce fait attestait un progrès sans doute, mais un progrès qui ne dépassait pas les limites de la pratique et du perfectionnement extérieur. Un coloris moins lourd, un dessin moins pénible, une sobriété dans l’effet imposée d’ailleurs par le moyen lui-même donnaient à quelques-unes de ces peintures une apparence assez nouvelle. Toutefois les plus remarquables d’entre elles différaient peu, quant au fond, des tableaux d’histoire accoutumés ; elles n’exprimaient encore qu’une sorte de compromis entre l’esthétique consacrée par David et des aspirations moins strictement limitées.

Cependant un artiste issu de la même école, mais qu’un long