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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 25.djvu/201

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qui offre ainsi un moyen naturel d’assainissement ou d’égouttage spontané des eaux souterraines.

En Chine, les pluies abondantes commencent vers la fin du mois d’avril, et par intervalles assez rapprochés se reproduisent jusqu’au mois de juin. Ce n’est précisément qu’à l’époque où l’air se charge de vapeurs aqueuses que les premiers bourgeons et les jeunes feuilles encore couvertes d’un léger duvet, destinés à la préparation du thé péko, le plus estimé, doivent être cueillis, car alors la plante n’est pas exposée à se dessécher vers les extrémités grêles de ses rameaux. D’ailleurs les pluies sur lesquelles on a dû compter tombent bientôt d’une façon assez abondante pour favoriser la pousse et le développement des secondes feuilles, qui fournissent la plus grande et la plus importante partie de la récolte.

Le thé généralement se propage à l’aide des semis ; les graines globuleuses oléifères de cette plante ne conservent leurs propriétés germinatrices que stratifiées sous la terre. On les dépose dans de petites cavités creusées en quinconce à des distances de 1 mètre, 1 mètre 1/2 ou 2 mètres au plus, les unes des autres, réservant le maximum d’espace pour les cultures effectuées sur les terres les plus riches et réciproquement. Il n’y a plus guère d’autres soins à donner ensuite à la plantation que d’enlever les herbes parasites et de biner la superficie du sol. Avant de cueillir les feuilles, on attend qu’une végétation de trois années ait donné à l’arbuste une force suffisante. Parfois on le recèpe près du tronc afin d’obtenir des rejetons plus vigoureux.

Les fermes nombreuses, mais de peu d’étendue, de 2 ou 4 hectares environ, où l’on cultive le thé, dans les provinces du nord de la Chine, présentent pour la plupart un terrain très fertile et légèrement sablonneux. Chaque fermier réserve sur le produit de sa petite plantation l’approvisionnement nécessaire à la consommation de la famille ; le surplus est destiné à la vente. La classe des petits cultivateurs en Chine a conservé des mœurs patriarcales : on remarque dans tous les travaux agricoles la direction suprême imprimée au groupe des travailleurs, hommes, femmes et enfans, par le chef vénéré, grand-père ou aïeul. C’est à la coopération active de toute une famille dans les opérations rurales, et au prix modique de la nourriture, composée principalement de riz, de poissons et de plantes alimentaires (courges, tubercules, fruits), que l’on doit attribuer le bon marché de la main-d’œuvre, qui rendrait en beaucoup de cas la concurrence bien difficile, avec les produits chinois.

Dans l’intérieur des terres, vers la région montagneuse du Fo-kien [pays heureux), à 600 ou 900 mètres au-dessus du niveau de la mer, se rencontrent les principaux districts à thé noir, d’où vient