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dam une voie maritime et plus prompte et plus facile. Or ce plan a trouvé une assez forte opposition au sein de la seconde chambre, en partie pour des motifs financiers, en partie pour des motifs techniques. Quoi qu’il en soit, cette opposition a été très mal reçue de la capitale, qui veut résolument s’adresser au roi pour qu’il soit donné suite audit projet. Le ministère, appuyé par une petite majorité seulement dans la seconde chambre lors du vote des voies ferrées, incertain encore du vote de l’autre chambre, au milieu de l’expression bien vive des vœux des différentes parties du pays, se trouve dans une situation difficile, malgré l’adoption du budget. La discussion du budget s’est ressentie d’ailleurs du déplacement des partis sous l’influence des débats sur les chemins de fer ; le point le plus saillant peut-être a été l’adoption du chapitre de la guerre, bien que le nouveau ministère ait refusé net la loi organique de l’armée, annoncée l’année dernière par son prédécesseur sur les instances de la majorité. M. de Casembroot a contesté la constitutionnalité d’une pareille loi. Il ressort de tout ce qui précède que la solution de la situation actuelle de la Hollande dépend en premier lieu du vote de la première chambre concernant le projet des chemins de fer, puis de la tournure des affaires aux Indes. On espère que, par des mesures prises dans ces contrées, les nouvelles ne tarderont pas à devenir de plus en plus satisfaisantes.

E. Forcade.


ESSAIS ET NOTICES

LE MARQUIS DE LAJATICO


L’Italie vient de perdre un homme fait pour l’honorer et la servir dans ses vicissitudes contemporaines, le marquis de Lajatico, qui était allé représenter en Angleterre les intérêts nouveaux de la Toscane émancipée, et que la mort a enlevé en quelques jours, avant qu’il n’eût achevé sa mission, avant qu’il n’eût vu les destinées de sa patrie fixées suivant ses espérances. Assurément tout passe vite aujourd’hui, les événemens se pressent, et les hommes vont au pas de course. C’est bien le moment de se souvenir du mot énergique : Praeterit figura mundi. Quelle sera désormais la figure du monde, et qui peut se promettre d’assister au renouvellement des choses ? C’est à peine si l’attention, distraite par tout ce qui vit et s’agite, a le temps de se détourner à la hâte vers ceux qui disparaissent dans la mêlée universelle. Cet homme de bon conseil et ce galant homme qui vient de mourir presque seul dans un hôtel de Londres, loin de Florence et loin des siens, qui n’ont pu arriver pour sa dernière heure, ce grand seigneur italien était du moins de ceux qui en disparaissant laissent un vide, et dont le