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moitié méridionale de la France, ce capital n’appartient pas à la culture, mais à la propriété. Le mode d’exploitation est tantôt le fermage, tantôt le métayage : on peut dire assez exactement que la moitié des exploitations est soumise au premier de ces régimes, et l’autre moitié au second. Sous ce rapport, la Dombes paraît encore supérieure à la moyenne de la France méridionale, où la proportion des métayers aux fermiers est beaucoup plus grande ; mais il y a fermiers et fermiers, et ceux de la Dombes ne paraissent pas appartenir à la meilleure espèce. N’ayant que de petits profits, ils ne s’en servent que pour vivre plus commodément, et ne songent à l’avenir ni pour eux ni pour le sol. L’institution déplorable des fermiers généraux, qui se maintient dans d’autres parties du centre, et qui existait autrefois dans toute la Dombes, n’y a plus qu’un très petit nombre de représentans.

La surface des quarante-deux communes qui forment plus spécialement la Dombes d’étangs peut se décomposer ainsi :


Hectares
Étangs 14,000
Bois 12,000
Terres arables 34,000
Prés 8,000
Pâturages 4,000
Bâtimens, chemins, cours, etc 4,000
Total 70,000 hectares.

Les étangs couvrent donc le cinquième environ de la surface totale. Ils sont établis dans le creux des vallées secondaires ou dans les plis de terrain qui viennent y aboutir ; les eaux y sont retenues par des chaussées transversales à la pente du sol. On les trouve fréquemment disposés en chapelet, c’est-à-dire à la suite l’un de l’autre, et séparés par une seule chaussée. Ces étangs sont alternativement couverts d’eau et cultivés en céréales ; la période en eau porte le nom d’évolage et dure généralement deux ans. La période de culture porte le nom d’assec et ne dure qu’une année. Rien de plus compliqué que la propriété : non-seulement l’évolage et l’assec appartiennent le plus souvent à des propriétaires différens, mais encore il se rencontre quelquefois que l’évolage d’un même étang a plusieurs propriétaires, et plus fréquemment l’assec en a un nombre considérable. Les propriétaires de pies ou parcelles d’assec ont sur l’évolage des droits d’abreuvage et de pâturage, à moins qu’ils ne les aient aliénés. Enfin les étangs sont soumis à des servitudes les uns à l’égard des autres par leur position réciproque.

Ces étangs n’existaient pas au XIIIe siècle : les redevances féodales exigées des vassaux par les seigneurs jusqu’à cette époque ne font pas mention du produit des étangs ; celles dont on a retrouvé les titres portent sur le blé, le seigle, l’avoine, le foin, le vin, le miel ; aucune n’est stipulée en poisson. Les documens du temps attestent d’ailleurs que le pays, était autrefois couvert de villages et de mas nombreux dont on ne retrouve aujourd’hui les traces qu’en fouillant le sol, et notamment celui des étangs. Des paroisses ont entièrement disparu, et les églises des paroisses actuelles sont toutes trop grandes pour la population. M. Dubost fait à ce sujet une observation